Black Mountain College. Art, démocratie, utopie (Presses universitaires de Rennes / CipM)
Livre collectif, sous la direction de Jean-Pierre Cometti et Eric Giraud
L’expérience humaine, pédagogique, artistique et politique du Black Mountain College fait enfin l’objet d’un ouvrage en français. Une édition dans le prolongement des manifestations que le cipM (Centre international de Poésie Marseille) et Marseille Objectif Danse ont organisées depuis 2011.
De 1933 à 1957, le Black Mountain College s’affirme en tant qu’université expérimentale extraordinaire. Plus qu’une école d’art, c’est alors un établissement d’enseignement général dans lequel l’art occupe une place centrale. L’un de ses fondateurs, John Andrew Rice, grand lecteur de John Dewey (auteur de L’Art comme expérience), considère que l’expérience esthétique favorise la neutralisation des clivages, des hiérarchies. Cet établissement aurait eu vocation à former des démocrates. Former des hommes et des femmes doués de courage pour apprendre à apprendre et à se risquer dans l’inconnu. Isolée dans une propriété de six cents hectares de Caroline du Nord, l’université est autogérée par ses étudiants et ses artistes. Les cours de sport consistent en la participation aux activités de la ferme et l’entretien de la propriété et des bâtiments. Robert Rauschenberg, Robert Duncan, Charles Olson, John Cage, Merce Cunningham, Walter Gropius, Carl Jung, Albert Einstein… Autant d’artistes et de savants qui seront de l’aventure.
A l’heure où les processus de Bologne uniformisent l’éducation artistique, où la théorie prend de plus en plus de place au détriment de la pratique, il est intéressant de lire le récit de cette utopie qui « devait concerner l’individu dans sa totalité : “la tête, le cœur et les mains”, et non pas l’individu divisé. »
Sacha Steurer
A noter, une exposition consacrée au Black Mountain College se tient actuellement et jusqu’au 12/07 au cipM (Centre de la Vieille Charité, 2e).
Rens : 04 91 91 26 45 / www.cipmarseille.com