La Boîte de nuit à la Villa Noailles
Bienvenue aux clubs
Un an après Landskating, tour d’horizon festif des skateparks de la planète, la Villa Noailles nous invite pour sa nouvelle exposition annuelle d’architecture, cette fois consacrée aux discothèques.
Avec cette thématique résolument contemporaine, il était indispensable pour la Villa de s’entourer d’un commissariat jeune, dynamique et futuriste. Pari réussi puisque Audrey Teichmann, Benjamin Lafore et Sébastien Martinez-Barat nous offrent ici une prestation particulièrement esthétique et ingénieuse. Il faut dire que cette Villa Saint Bernard, conçue par l’architecte Robert Mallet-Stevens pour le couple de mécènes, provoque forcément l’inspiration. L’âme de Charles et Marie-Laure De Noailles, profondément avant-gardistes, festifs et dotés d’un goût pour l’art et les belles choses, transpire des murs de leur propriété à géométrie variable qui ne semble pas pouvoir être rattrapée par le temps. Malgré des années d’abandon, il émane de ces lieux parfaitement cubistes surplombant la ville de Hyères une atmosphère singulièrement moderne.
Si la collection permanente de la Villa Noailles nous permet à l’année de nous inviter chez le couple le plus arty des années 1920-30, l’exposition La Boîte de nuit nous transporte, elle, dans les clubs les plus stylés du monde entier. Pensée comme une typologie architecturale des lieux de fête, cette démonstration artistique est une réelle expérience.
Depuis les années soixante, les boîtes de nuit sont en effet devenues un terrain de jeu privilégié pour les architectes, qui rivalisent de créativité afin d’offrir aux fêtards des expériences toujours plus bouleversantes, architecturalement parlant. A l’image du X Club athénien d’Andreas Angelidakis conçu sans plan et en quinze jours (1990) ou encore du célèbre « lieu de plaisir » parisien Le Palace de Patrick Berger et Vincent Barré (1978).
L’exposition se révèle d’une richesse colossale : installations, plans, maquettes, photographies, sculptures… La mixité des média est impressionnante et le rendu tout à fait passionnant. Il faut sans aucun doute remercier l’architecte de la villa au même titre que les scénographes de l’exposition : la salle de squash ou encore la piscine offrent aux œuvres d’ar(t)chitecture un écrin de choix. La Boîte de nuit propose aux visiteurs une rétrospective à la fois esthétique, pédagogique et sensorielle du monde de la nuit. Ainsi, l’architecte Nicolas Dorval Bory permet aux spectateurs de vivre eux-mêmes une expérience disco grâce à The Cornell Box — sa boîte de nuit éphémère — qu’il a spécialement pensée pour l’évènement. Histoire de se plonger encore davantage dans la fête.
L’éclectisme de la sélection d’objets promet des coups de cœur à chaque recoin. Les photographies réunies pour l’occasion sont particulièrement brillantes. La série After Party (2011-2017) de François Prost, qui s’attarde sur la banalité des façades de discothèque, s’avère paradoxalement spectaculaire. Tout comme les séries Vom Bleiben (2009-2017) d’André Giesemann et Daniel Schulz et Disco de Bill Bernstein. On découvre des édifices — réalisés ou non — tous plus remarquables les uns que les autres. Le fil conducteur ? La prouesse architecturale. Ainsi, on s’extasie devant le Pavillon Pepsi (E.A.T. Osaka, 1970), l’Hacienda de Ben Kelly (Manchester, 1982) ou le Palais Métro de Montréal de François Dallegret (1967), pour ne citer qu’eux.
La mise en scène est très réussie et à la hauteur de la collection assemblée pour cette exposition. Il y a fort à parier que les aficionados d’architecture se seront pas les seuls à être conquis.
Un début d’année 2017 prometteur pour la Villa Noailles, qui vient d’ajouter à sa collection La Cloche de Saint-Bernard du designer français Pierre Charpin. Un vrai bijou qui offre une nouvelle excuse pour se rendre sans tarder sur les hauteurs de Hyères pour visiter cet antre de la beauté.
Astrid Börner
La Boîte de nuit : jusqu’au 19/03 à la Villa Noailles (Hyères).
Rens. : 04 98 08 01 98 / www.villanoailles-hyeres.com