© Brecht Evens

Brecht Evens – Disco Harem à la Chapelle du Méjan

L’art bat en Brecht

 

Brecht Evens avait signé l’affiche de l’édition 2016 du Festival d’Art lyrique d’Aix-en-Provence, qui lui avait consacré une exposition. C’est au tour de sa maison d’édition arlésienne Actes Sud d’offrir le coquet écrin de sa galerie à cet auteur de BD atypique et génial.

 

Pour leur quarantième anniversaire, les éditions Actes Sud ont eu la bonne idée de proposer à Brecht Evens, figure de proue de la nouvelle génération d’auteurs flamands, de créer  « une œuvre originale qui soit non pas un récit linéaire des décennies écoulées, mais plutôt une évocation de temps forts de leur histoire, ou encore de souvenirs ou d’anecdotes partagés avec des auteurs ou des collaborateurs, de représentations des lieux, arlésiens et parisiens, où elles sont installées, de réinterprétations visuelles de personnages ou de scènes extraites de romans, de moments de la vie quotidienne qui caractérisent l’activité d’une maison d’édition, une œuvre qui soit une invitation à une rêverie ludique et joyeuse. » Wahou ! Il n’y avait effectivement que le jeune prodige belge de la BD actuelle pour tenir un tel cahier des charges. Le foisonnement de personnages, la juxtaposition d’univers, le récit choral qui se passe de bulles, la poésie des rencontres incongrues et enflammées sont certaines des composantes de l’univers de Brecht Evens. Fresk, comme l’a intitulé son auteur, est un tableau en deux planches qui peut se voir indifféremment côte à côte ou dessus dessous, les quatre bords étant parfaitement raccords. Une manière de réclamer une part active du regard. Chez Brecht Evens, la paresse n’est pas de mise, ni chez lui qui vient de publier un roman graphique de 336 pages, Les Rigoles, sublime et sidérant de beauté, ni pour son public, qui doit décortiquer ses dessins où se cachent autant de mystères que de symboles.

À à peine plus de trente ans et avec seulement quatre ouvrages à son actif, Brecht Evens a reçu de nombreux prix et fait donc désormais l’objet d’une rétrospective dans la galerie de sa maison d’édition Actes Sud. L’intérêt de celle-ci est de balayer son œuvre sans autre prétention que de donner à voir ses planches à dessin comme de véritables tableaux. Représenté par la prestigieuse Galerie Martel à Paris, qui exposait récemment la plus grande partie des dessins des Rigoles, Brecht Evens est un artiste complet dont le graphisme s’avère plus proche de la peinture que de la BD traditionnelle.

L’exposition respecte un classement par ouvrages (Travel Book Paris, Les Noceurs, Les Amateurs, Panthère, Les Rigoles) ou par thématique comme « Cortège de tête », qui rassemble des dessins faits pour venir en aide à des associations, mais également des dessins inspirés d’œuvres littéraires ou cinématographiques. Très vite, on se laisse aspirer par les mini scénarios de chaque dessin et l’on se crée des correspondances imaginaires, naviguant entre diverses versions d’une même planche.

Le vernissage en présence de Brecht Evens a donné lieu à un concert de Wladimir Anselme (Le Furieux Productions), aussi fantasque et tendre que les planches de Brecht. Ensemble, ils avaient créé un album jeunesse, Les Cromosaures de l’espace.

Voilà plein d’idées cadeaux pour Noël, en sortant de l’exposition…

 

Marie Anezin

 

Brecht Evens – Disco Harem : jusqu’au 23/12 à la Chapelle du Méjan (Arles).
Rens. : 04 90 49 56 78 / www.lemejan.com / www.actes-sud.fr/
Pour en (sa)voir plus : www.brechtevens.com/