l’Apocope / Château de Servières
Rencontres de l’Orme
Laurent Wolf
distribution cinématographique en marge
Planing familial
Cinestival
Après l’euphorie du milieu des années 90, qui ont vu éclore la plupart des galeries d’art associatives de Marseille, les temps actuels soulignent une impasse. Ce samedi, le vernissage de Nat Kuik marquera la fermeture de la galerie l’Apocope et lundi dernier, la galerie du Château de Servières — un des lieux les plus marquants de la scène artistique locale — a annoncé sa clôture pendant un vernissage émouvant en présence de nombreux acteurs culturels de la ville. Suite à la liquidation du centre social auquel appartenait la galerie (et au licenciement de quatorze salariés), sa directrice Martine Robin cherche maintenant un moyen de poursuivre dans les quartiers nord son projet alliant le social à des choix affirmés dans le domaine de l’art contemporain. Symboliquement, l’exposition de Pascal Navarro, Jean-Marie Hegoburu et Alain Brunet n’était ouverte au public que le soir du vernissage.
Pour leur onzième édition, les Rencontres de l’Orme se tiendront mercredi et jeudi au Pôle de la Belle de Mai : l’occasion idéale de visiter ce nouveau centre d’activités culturelles (enfin… plus ou moins — c’est là qu’est tournée une fameuse série télé qui cartonne) qui s’étend sur120 000 m2 répartis en trois sites (Patrimoine, Média et Auteurs). Mais aussi, et surtout, d’aborder une problématique pour le moins d’actualité : « Les usagers, acteurs-clés du multimédia éducatif et culturel ? » Mardi soir, une conférence a permis de lancer les débats, qui seront prolongés mercredi à 18h par une rencontre publique proposée par ZINC/ECM et SFT autour du thème « Les enfants et l’ordinateur : les éduquer et les accompagner avec des produits multimédias ? ». Jeudi matin, un petit-déjeuner organisé par l’association Osmi@ et Euroméditerranée abordera le thème de « La coopération public-privé au service de l’usager dans la production des contenus numériques éducatifs et culturels » tandis que l’après-midi, des rencontres proposées par l’association Cinéma au Soleil feront le tour des « Métiers de l’audiovisuel et du cinéma dans le contexte du numérique » (le tout sur inscription). Animations, présentations (Cd-rom, contenus multimédias, travaux de collégiens), spectacles et autres plateaux radios viendront compléter les échanges, afin « d’élaborer progressivement une “photographie” » des utilisateurs de ressources numériques », acteurs désormais majeurs des pratiques multimédia.
Rens. http://orme-multimedia.org/r2006
S’il faut saluer, face aux initiatives privées encore timides dans le domaine du mécénat culturel, la démarche innovante de Mécènes du Sud (www.mecenesdusud.fr), on peut aussi déplorer le conservatisme invraisemblable de l’Espace Ecureuil. La structure enchaîne joyeusement quelques noms marquants de l’art moderne (Warhol, Braque, Chagall… même s’il n’y est pas toujours question d’œuvres de premier plan) avec les choix malheureux de Cécile Kahann qui expose des croûtes d’artistes d’aujourd’hui, ne rassurant que les esprits les plus fermés aux aventures contemporaines. Signalons donc l’initiative bienvenue d’inviter, ce vendredi à 18h, le brillant critique d’art et sociologue Laurent Wolf. Son ouverture aussi bien à l’art classique que contemporain fait de ce correspondant à Paris du journal suisse Le Temps l’un des plus fins observateurs de la peinture et de la remise en question du tableau en tant que support. Il est l’auteur de Vie et mort du tableau, La peinture contre le tableau (Klincksieck, 2004).
Le printemps sied décidément bien aux structures qui agissent pour une distribution cinématographique en marge, relayant admirablement des circuits traditionnels qui ne font même pas ce qu’on leur demande (proposer tous les nouveaux films). En parallèle des nombreuses séances spéciales proposées chaque semaine çà et là (au Miroir, au Daki Ling, à la Maison hantée, à l’Alcazar…), cycles et festivals animent ainsi les écrans marseillais et des alentours. Cette semaine, pas moins de six manifestations font la part belle à toutes les cinématographies, qu’elles viennent d’ici (le cycle de courts-métrages amateurs au Théâtre du Golfe à la Ciotat) ou d’ailleurs (Regard sur le cinéma israélien au César/Variétés et les Rencontres du cinéma sud-américain au Chambord, sur lesquels nous reviendrons prochainement), qu’elles convoquent l’Histoire (Berlin-Hollywood au Polygone étoilé, Cézanne 2006 : le geste cinématographique à l’Institut de l’Image) ou regardent le présent à travers un prisme social (La confusion des genres au Mazarin, sur les thématiques gay et lesbiennes)… Autant d’événements qui, outre l’intérêt de proposer une programmation équilibrée — entre avant-premières et inédits, découvertes et valeurs sûres —, présentent aussi l’avantage de montrer des films ignorés par les circuits conventionnels de distribution. Autrement dit, des programmations qui permettent d’ouvrir les yeux. Vraiment.
C’est aussi par le biais du cinéma que la section marseillaise du Planing familial a choisi de fêter les cinquante printemps de l’organisation. Il va sans dire que la programmation de ce samedi au Miroir sera essentiellement axée sur l’avortement — un sujet encore sensible dans l’Hexagone et, surtout, carrément tabou dans nombre de pays, même ceux dits « civilisés » —, mais abordera également le (toujours !) lourd problème des violences conjugales, à travers la projection de Ne dis rien de l’Espagnole Iciar Bollain. A voir également et dans un tout autre registre, le touchant documentaire de Claire Simon, Mimi.
Pour en finir avec le chapitre cinéma, signalons un autre anniversaire, celui de Cinestival, qui soufflera début juin ses vingt bougies. A cette occasion, le public est invité à participer au jury qui récompensera l’une des quinze œuvres présentées en avant-première cette année. Une seule condition requise : être disponible du 6 au 13 juin. Les cinéphages (deux à trois projections par jour) intéressés sont priés d’envoyer leur dossier de candidature (incluant une lettre de “motivation”, leurs coordonnées complètes et une photo d’identité) avant le 1er mai à l’adresse suivante : Cinestival “Prix du Public” – 52, bd Longchamp BP 90012 – 13191 Marseille Cedex.