Brèves 148

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Même le Financial Times, autant dire la Bible du libéralisme, se le demande : « à quoi sert la croissance si elle ne rend pas heureux ? » Cette sacro-sainte croissance, portée aux nues par l’Occident car prétendu remède à tous les maux (chômage, financement des retraites et de l’assurance maladie…), a fait son temps : pas viable, est-elle seulement souhaitable ? Pourquoi pas la décroissance soutenable ? Loin d’un concept fumeux, la notion chère à Pierre Rahbi possède des arguments de poids, à la fois écologiques, politiques et économiques. Arguments que se propose de détailler le MAPIC (Mouvement d’Appel Pour l’Insurrection des Consciences) ce mercredi dès 20h à l’Equitable Café. Pour illustrer ce petit cours d’économie gratos, l’équipe du café de la rue de la Loubière propose aussi, vendredi à 21h, la projection du film culte de Jacques Doillon, Alain Resnais et Jean Rouch, L’An 01. Une comédie qui, en 1973, dénonçait déjà les méfaits de la surconsommation au nom de la croissance à tout prix, en prenant appui sur la plume acérée et les crayons bien affûtés des journalistes et dessinateurs de Charlie Hebdo. Incisif ! Rens. 04 91 48 06 62

Puisque cette semaine semble marquée par le sceau du culte, profitons-en pour signaler une autre projection gratuite, proposée par le sur-actif Kinotone lundi prochain à la Maison hantée (20h), dans le cadre des apéros… El Culto Screen. Réalisé en 81, La grande escroquerie du rock’n’roll nous plonge dans l’univers déglingué des Sex Pistols, entre les crises de delirium tremens récurrentes du manager Malcom McLaren et les convulsions scéniques d’un Sid Vicious interprétant pour la première fois My Way en public. Culte, on vous dit.

Après une mémorable attaque du petit train dans le Panier, Marc Boucherot expose Mobile Road Movie Sound System au Variétés jusqu’au 28 février. Il s’agit, une fois encore pour cet artiste marseillais parmi les plus singuliers, d’investir l’espace public pour y créer des zones indépendantes des échanges commerciaux « qui ne nécessitent pas (son) aide ». Il vient de rentrer de la Triennale de Canton, où il a voulu inviter les gens du marché local à venir vendre leurs produits au musée. Il y a travaillé avec des artisans à transformer une moto en cinéma ambulant, magasin de DVD pirates et karaoké (grand succès au vernissage de l’expo), à l’image de celles qu’on trouve partout dans l’économie parallèle chinoise. Le Variétés accueille aussi les sept cents photos des habitants du village de Nanling « à qui (il a) demandé de (lui) tirer dessus avec un gros pistolet en plastique » — histoire d’éviter la fausse neutralité de la photo documentaire. Le tout relayé par l’ouverture d’un restaurant équitable, Chez Nono & Co (85, av. de la Capelette, 10e, tél. : 04 91 78 90 69). Rens. www.tvbien.com

Le GMEM nous amène du côté du Japon avec L’étirement du temps jusqu’au 3 mars. Un pays qui évoque tour à tour l’image zen d’un temps fait de lenteur et l’ultra-modernité de ses villes. Mercredi et jeudi à 19h, l’association Polly Magoo diffusera des films rares s’aventurant dans les territoires sensoriels les moins balisés, allant des figures historiques du cinéma (Chris Marker) jusqu’à l’art contemporain (Dominique Gonzalez Foerster). Les concerts démarrent mardi avec Bertrand Dubedout (avec une pièce inspirée d’un rituel bouddhiste), pour continuer avec Jean-Luc Gergonne (qui mélange le public aux musiciens, et propose une pause thé), Tôru Takemitsu (« le plus célébré des compositeurs japonais ») et une nouvelle œuvre de Laurent Martin. En parallèle, signalons que les excellentes éditions Musica Falsa démarrent la collection Fictions avec l’écrivain Pierre Parlant, invité ce samedi pour une lecture à l’Odeur du Temps avec Emmanuelle Bayamack-Tam et Olivier Domerg. Rens. www.gmem.org