Bug – (USA – 1h40) de William Friedkin, avec Ashley Judd, Harry Connick Jr…
Le hasard fait parfois plutôt bien les choses. Il y a un peu moins d’un an, une étonnante rétrospective à la Cinémathèque Française permettait au tout venant de la cinéphilie de se rendre compte (avec vingt ans de retard) que William Friedkin n’était… (lire la suite)
American Parano
Le hasard fait parfois plutôt bien les choses. Il y a un peu moins d’un an, une étonnante rétrospective à la Cinémathèque Française permettait au tout venant de la cinéphilie de se rendre compte (avec vingt ans de retard) que William Friedkin n’était pas un second couteau hollywoodien, mais sans doute un cinéaste des plus complexes. Dans la foulée, ce monumental Bug nous arrive avec toutes les apparences du chef-d’œuvre paranoïaque. Depuis le début de son œuvre, Friedkin est en effet hanté par le sentiment de la menace intérieure et l’angoisse du vivre ensemble. Aujourd’hui, dans Bug, tout est verrouillé. Les maisons sont fermées à double tour, les têtes résonnent des crissements métalliques de la folie. Ce qui fait la force de ce récit à la fois inquiétant, délirant et distancié, c’est sans doute cette puissance de suggestion, cette capacité à filmer l’hallucination comme une évidence. La mise en scène sophistiquée (légères transgressions, glissements progressifs d’une surface à l’autre) s’ingénie à concrétiser l’invisible, à repousser les limites du montrable. Et c’est dans un final monstrueux et ironique que Friedkin met le feu à son Amérique post-irakienne totalement parano. Tout simplement brillant.
Romain Carlioz