By the Ways : A Journey with William Eggleston – Documentaire de Vincent Gérard et Cédric Laty avec William Eggleston, Winston Eggleston…
Le cinéma, ce n’est que de l’image et du temps ; la vie d’un photographe également. Ce rapprochement pourrait amener — c’est souvent le cas — à raconter un artiste par un roman filmé : l’histoire de sa vie, son travail et son caractère, le tout appuyé par des interviews. Heureusement pour nous, By the ways est le contraire… (lire la suite)
Billy the kid
Le cinéma, ce n’est que de l’image et du temps ; la vie d’un photographe également. Ce rapprochement pourrait amener — c’est souvent le cas — à raconter un artiste par un roman filmé : l’histoire de sa vie, son travail et son caractère, le tout appuyé par des interviews. Heureusement pour nous, By the ways est le contraire de ces biopic classiques. Vincent Gérard et Cédric Laty ont su, en effet, s’affranchir des canons habituels et constituer un portrait moderne de William Eggleston, sans chercher un fil conducteur ou une cohérence chez cet artiste, avant tout spontané. Au gré d’une errance des thèmes et des lieux, à partir d’anecdotes incarnées et de trip imagés, la tentative des deux Français a l’avantage de réussir une plongée contemporaine, à l’instar de son sujet. Memphis, la décadence, ses enfants, son regard naïf arrêtant des photographies décalées, la musique d’Eggleston, New York, l’Europe… sont autant d’éléments intimes traversés pour peindre la toile de petites touches disparates. Le résultat se balade, tel un montage aléatoire de séquences sans rapport, pour finalement découvrir une structure en douze chapitres où le personnage sort du flou et nous apparaît, au propre comme au figuré. Rappelant William S. Burroughs, un autre dandy du sud, par la voix et le visage fermé de doyen effacé mais chef d’expérience, le photographe contribue alors directement à éviter la présentation stérile en repoussant l’obligatoire « interview pendant la création » : Question : « Est-ce une émotion ou une intention qui te fait prendre une photo/crois tu que l’on trouve ton existence dans ton œuvre? », réponse : « je ne comprends pas ta question ». Au final, ce vieil artiste autiste classe et laconique, pince sans rire, se laisse approcher et donne l’impression d’avoir été à nos côtés depuis une heure. Au passage, on aura pu se frotter à son originalité et comprendre son fondement : le regard d’un vieil enfant, amusé par tout ce qui renvoie à la vie et à son aspect inattendu, anecdotique. Bref : surprenant.
Emmanuel Germond