Exilio
_Par la Cie Théâtre et Mémoires
1936 : à la suite d’un putsch militaire partiellement raté, la jeune République espagnole s’enfonce dans un conflit interne qui va durer trois ans et au terme duquel Franco prendra le pouvoir avec les conséquences que l’on sait. 2000 : aux Archives départementales, l’historien Jean-Jacques Jordi découvre une série de lettres adressées aux républicains espagnols réfugiés à Marseille en 1939 sur des bateaux hôpitaux et jamais parvenues à leurs destinataires. 2007 : l’auteur et metteuse en scène Sara Sonthonnax — dont le travail s’articule essentiellement autour de la mémoire — s’empare de ces lettres pour leur donner vie à travers Exilio, ou le destin de deux soldats plongés au cœur de la barbarie. Inspirée de la réalité, exprimant le chaos et les déchirures inhérents aux guerres civiles, cette nouvelle création de la compagnie Théâtre et Mémoires se veut pourtant une fiction, ni documentaire, ni historique. Une volonté traduite par l’interprétation musicale du texte et des improvisations à la guitare.
_Jusqu’au 24/11 au Gyptis
Exposition(s)
_Carte blanche à Thierry Thieû Niang
L’écrivain Argentin Julio Cortázar écrivait que « dans tout autoportrait, il faudrait avoir l’élégance de se retirer ». Partageant sa philosophie, le danseur et chorégraphe Thierry Thieû Niang a choisi de faire son portrait en creux, au travers de ce(ux) qu’il aime, défend et chorégraphie. Tel un commissaire d’exposition, il a réuni des artistes et des œuvres dans une « collection particulière » où l’on retrouve sa passion pour l’art contemporain, toutes disciplines confondues, et son amour pour les gens, avec qui il travaille inlassablement et fidèlement — comme le danseur Jean-Jacques Sanchez, le philosophe Mathias Youchenko ou la chorégraphe Geneviève Sorin. Mais on ira aussi de surprise en surprise, en découvrant des invités inattendus, voire insolites tels qu’Hubert Colas ou le clown Catherine Germain. Avant que le héros des trois jours ne s’expose lui-même, dans un solo, le bien nommé Exposition. Car, après tout, c’est quand même lui qui connaît le mieux le/son sujet.
_Du 21 au 23 au Théâtre des Salins (Martigues)
Moby incarcéré
_ Par la Cie Cahin Caha
Adaptation très libre de la fable métaphysique de Melville — qui, à travers la quête insensée du capitaine Achab, exprime la violente poursuite de l’homme contre lui-même et les dangers de la passion —, Moby incarcéré en épouse plus la forme que le fond. Pétrie de digressions, de parenthèses, d’improvisations et d’histoires intimes, la dernière création de Gulko, l’homme-orchestre à la tête du cirque « bâtard » Cahin Caha, se glisse dans les rêves d’un pauvre type, seul rescapé du naufrage d’un pétrolier, prisonnier condamné à purger sa peine dans un théâtre. Quand le public arrive, le directeur annonce le retard du spectacle Moby Dick. Seul sur un plateau dépouillé comme une cellule de prison, notre inadapté social va profiter de l’occasion pour confesser sa vérité. Son récit se mêle à celui de Moby Dick, les temps se brouillent, les personnages se confondent… Marionnettes, prouesses physiques, trucages vidéo et illusions entraînent alors le spectateur dans l’univers instable du prisonnier.
_Jusqu’au 25/11 au Théâtre Massalia (Cartonnerie de la Friche la Belle de Mai)
Les Bonimenteurs
_Par Jean-Marc Michelangeli & Didier Landucci
« Rien dans les mains, rien dans les poches et même pas peur, nous sommes les Bonimenteurs. » Déboulant sur scène sur un air italien des années 70, les deux Marseillais annoncent la couleur : sans accessoires ni décors, seulement armés d’un humour décapant, ils vont improviser pendant une heure vingt sur des thèmes proposés par le public. S’inspirant du traditionnel duo de l’Auguste et du clown blanc — avec Ducci dans le rôle du faux benêt dominé par Marco l’intello tyrannique —, le duo transforme ainsi le public en metteur en scène de ses fantaisies narratives. Si l’exercice est périlleux, nécessitant une imagination sans faille, une maîtrise souveraine de la scène et une grande technique de comédien, Jean-Marc Michelangeli & Didier Landucci s’en tirent à merveille, retombant toujours sur leurs pieds. Jouant avec les mots et jonglant avec tous les registres du rire, absurde en tête, ils livrent un impro-bable et savoureux numéro d’acrobaties zygomatiques, à déguster sans modération.
_Du 27/11 au 8/12 au Théâtre du Gymnase
CC/HS