Carte blanche à… Stéphane Galland
La Mesón donne cette semaine carte blanche au programmateur musical de Radio Grenouille. L’occasion d’en faire de même, en laissant à ce mélomane aux goûts hétéroclites et sûrs le soin de l’aborder par le détail : magnéto, Steph.
Gilles et Sarah / la Mesón
« Un lieu que j’apprécie tout particulièrement pour son côté convivial, et une équipe très accueillante. Gilles et Sarah ont su constituer une sorte de famille avec toute une génération de musiciens, souvent issus du jazz, et ont fait beaucoup pour cette scène… D’habitude, ils donnent carte blanche à des musiciens, je suis donc très honoré de leur proposition : elle me permet de programmer des gens qui me touchent musicalement et humainement. »
M. Oat
« C’est une émanation de moi, un personnage né de mon émission Le Coton Club (ndlr : le lundi soir sur Radio Grenouille). Ma personnalité musicale s’y exprime davantage qu’en tant que programmateur de Grenouille : M. Oat peut ainsi passer des platines à un projet de soirée multimédia – la BlackBox – que je développe avec mon partenaire Babar le Funk autour des expressions culturelles de la diaspora afro à travers le monde. »
Abd El Haq vs Uli Wolters
« Deux amis de longue date : on s’est connu quand on était étudiants à Aix… Uli vient de Dortmund, en Allemagne, Abd El Haq de Nice. Uli est l’un des meilleurs saxophonistes de la place, et Abd El Haq l’un des slammers les plus intéressants de la scène parisienne. Ils se sont beaucoup revus ces derniers temps, avaient dans l’idée de travailler ensemble… L’illustration que cette carte blanche donne l’occasion à ces artistes de concrétiser leurs envies. »
Oumar Kouyaté
« Il y a pas mal de jeunes musiciens africains talentueux à Marseille. Oumar, qui est chanteur et joue de la kora, possède une sorte de fraîcheur, de naturel, ça semble couler sans efforts de lui… C’est profond et léger à la fois. Je lui ai proposé de jouer avec Emy Chauveau et PHM vs RPZ parce que j’avais envie de souligner ce lien qui peut exister entre la tradition des griots et la pratique du hip-hop : une soirée autour de la parole, de la voix dans tous ses états »
Emy Chauveau
« Cette Marseillaise faisait partie de la programmation de « Grenouille Capitale » (ndlr : l’été dernier à Paris). J’ai été très touché par ce qu’elle a fait ce soir-là à Mains d’Œuvre. Emy appelle ça de la « lecture activée » : elle utilise un dictaphone, un poste de radio, travaille à partir de cette matière sonore et lit des textes en improvisant beaucoup… J’aime bien le côté bricolé de la chose, et la présence d’Emy : elle fait se rencontrer l’intime et le politique. »
PHM vs RPZ
« Connaissant les capacités d’improvisateurs des PHM, les « human beat-boxers » marseillais, j’avais envie de les entendre avec un Mc issu de la tradition hip-hop. RPZ est pour moi le jeune Mc le plus talentueux de Marseille. Il vient de l’école du freestyle, travaille avec le Lyrical Lab et fait en ce moment les premières parties de Keny Arkana. Ce sera une première pour eux, même s’ils vont faire partie d’un plateau commun courant 2008. »
Ahmad Compaoré
« Ce musicien, qui commence à être reconnu dans le milieu des musiques improvisées, s’est découvert sa vocation de batteur avec Fred Frith – et son opéra Helter Skelter. C’est un improvisateur hors du commun. Je travaille avec lui en tant que directeur artistique sur ce projet en « leader », qui tente de concilier son goût pour les musiques noires et l’improvisation. Les musiciens qui l’accompagnent sont excellents, et il y aura des invités… »
Beat Jewelers
« Ils sont pour moi les Dj’s les plus injustement méconnus à Marseille : leur travail est unique, une vraie création à quatre platines. Ils prennent de vrais risques à mixer des choses très différentes qui vont des musiques dites traditionnelles jusqu’aux musiques électroniques. Ils joueront avant la projection du film Space is the place, véritable document qui donne le rôle principal et la musique à Sun Ra, dont il s’inspire de la mythologie… »
« Avec Radio Grenouille, il nous est arrivé de co-produire des évènements, j’avais donc déjà programmé des soirées… Mais tu ne travailles jamais tout seul : la musique est avant tout histoire d’échanges. Pour cette carte blanche, j’ai voulu questionner le lien entre le corps et l’esprit, le sens et le groove, et du coup, presque inconsciemment, la programmation tourne beaucoup autour des mots et de la voix. Quand tu t’adresses au corps et à l’esprit, tu as le maximum de chances de provoquer quelque chose chez les gens, un épanouissement…Et puis il y a ce lien entre la tradition et le moderne : tous ces artistes sont inscrits dans une certaine tradition, mais font quelque chose qui est ancré dans le monde d’aujourd’hui. Pour eux, il n’y a pas d’opposition entre ces deux notions : si l’on considère que le temps est un long continuum, la tradition est constamment en train d’être renouvelée… »
Propos recueillis par PLX
Nourritures du corps et de l’esprit, du 5 au 10 février à la Mesón
www.lameson.com