Cellule 516, avec Absalon – Habiter la contrainte à la Cité Radieuse Le Corbusier
Entre les murs
Au cinquième étage de la Cité Radieuse, porte 516, plongez dans l’univers d’Absalon ! Le travail de cet artiste israélien, qui a pensé des volumes d’occupation selon la contrainte, se magnifie dans la configuration de la Cellule, dans laquelle les visiteurs pourront « prendre position ».
Le minuteur est enclenché. Il est 11h. Dans quarante-cinq minutes, la déambulation matinale au cœur de cet appartement signé Le Corbusier prendra fin. A la fois galeristes, collectionneurs et résidents de la Cité, Audrey Koulinsky et Yves Courroy ont décidé de partager cet espace voué à l’art et à la contemplation. En guide éclairé, Yves prend le temps de décortiquer les concepts d’utilité et de fonctionnalité qui se dégagent de chaque recoin de son appartement. Aujourd’hui, ce sont des « voisins » du neuvième arrondissement de la ville qui viennent en prendre plein les mirettes. De cet enchantement d’une grande simplicité se dégagent des questions à la fois pratiques et pertinentes sur la configuration judicieuse de la cellule de luxe à travers laquelle Absalon a laissé son empreinte.
Sur les murs de la salle à manger sont disposés les plans originaux des autres Cellules existantes dans le monde, chacune d’entre elles faisant initialement neuf mètres carrés (l’espace a donc été largement multiplié ici). La complémentarité fonctionnelle de l’architecte et de l’artiste mis à l’honneur permet de « respirer » leur travail : un mobilier multifonctionnel, une lumière zénithale, une inspiration d’habitation similaire à l’aménagement des bateaux. Cubiques, faites de polystyrène, de contreplaqué ou de liège, les œuvres d’Absalon sont imposantes. Ses vidéos permettent au projet de prendre tout son sens : y sont développées les thématiques de la limite, de l’ennui, de l’enfermement, mais aussi de l’optimisation de la contrainte et de l’espace.
La balade se poursuit entre des disques de Lou Reed et de Petrucciani, des livres de Joyce et de Murakami, des films d’Almodovar et de Tati. « Cuisinez, prenez une douche, lisez un bouquin, allongez-vous sur le lit ! », claironne Yves. « Sommes-nous autorisés à faire ce que nous voulons ? », ose l’une des visiteuses. Affirmatif. Et les projets « intra muros » seront nombreux jusqu’à la fin de l’été : des séances de danse, la résidence de Noëlle Châtelet qui rédigera un fascicule (Les Actes de la cellule)... Enfin, un travail en partenariat avec la prison des Baumettes sera réalisé autour des notions de cellules carcérale et psychologique.
Il est 11h45. La discussion se prolonge un peu. Il faut dire qu’une telle visite laisse libre cours à l’imagination et donc à la réaction. Yves répond à ses invités avec bonhomie. Probablement la meilleure façon de parfaire cette ode à la proximité.
Pauline Puaux