Rendre à César…
Dans un hommage comprenant de très belles pièces, l’Espace Ecureuil se fait l’écho d’un désir : faire resurgir la variété des œuvres de César, figure du pays et artisan exemplaire du pont entre classicisme et modernité.
La question du musée César (malheureusement plus du tout à l’ordre du jour) reste fâcheuse. Le truculent expérimentateur, qui avait parfois la folie des grandeurs, s’était offusqué, sous Gaston Deferre, que son hélice — monument oblong dédié aux rapatriés sur la Corniche — n’atteigne pas les 24 mètres prévus. Le sculpteur fit pourtant une donation conséquente à la ville de Marseille, mais cette dernière ne lui offrit pas l’écrin mérité ; même si le musée Cantini salua dès les années soixante son talent à plusieurs reprises et qu’une de ses plus importantes rétrospectives se lova au Centre de la Vieille Charité en 1993, cinq ans avant sa mort. Le catalogue, par le biais des textes de Daniel Abadie, proposait un pertinent commentaire : « Dans cette production polymorphe où la diversité peut sembler, au regard non averti, de l’inconséquence, tout s’organise en fait autour de trois gestes fondamentaux, assembler, ériger, épandre. »
C’est ainsi qu’il faut aborder l’exposition de l’Espace Ecureuil : laisser les amertumes de côté, et goûter, des compressions aux extensions, le panel qui nous est donné à voir. Des réalisations picturales, une cafetière à filtre écrasée, un pouce incontournable (quoique plus petit que celui situé près du [mac]), un Christ plombé, des insectes de bronzes, des visages, des poupées, des voitures, des combustions et accumulations (chères aux Nouveaux Réalistes) viennent, parmi des photos intimes prêtées par la famille Baldaccini, réactiver notre admiration. Le voyageur de commerce, passant à la Belle de Mai et faisant halte à l’échoppe paternelle, fut bien inspiré en conseillant d’envoyer ce petit aux Beaux-Arts…
M. Nanquette-Querette
César : jusqu’au 31/03 à l’Espace Ecureuil (26 rue Montgrand, 6e). Rens. 04 91 57 26 49 / www.fondation-ecureuil.fr