Césarmania
César, ou comment un prénom vous dresse un homme et le prédestine à la gloire, au succès, à l’excellence. Et même parfois au titre de plus grand emmerdeur du monde.
A tout seigneur tout honneur : Caïus Julius César, fondateur de la lignée et star incontestée de la catégorie. Le Musée de l’Arles Antique nous offre l’extrême privilège de croiser la légende en chair et en marbre. Au milieu des multiples trésors arrachés depuis vingt ans aux eaux du Rhône par Luc Long et son équipe d’archéologues sous-marins, le « franchisseur » de Rubicon trône, impérial (un comble pour celui qui ne fut jamais empereur), écrasant la concurrence. C’est lui et essentiellement lui que le public est venu voir, et le face à face tient toutes ses promesses. Réalisé de son vivant, ce buste dégage une présence humaine saisissante : on ressort de là avec le sentiment d’une rencontre quasiment physique.
Mais la fête n’est pas finie pour les césarophiles, direction l’Espace Ecureuil à Marseille pour une exposition dont nous avions déjà parlé (dans notre numéro 255), mais El Compressor méritait bien une petite piqûre de rappel. De même qu’au Prophète d’Audiard un petit coup de chapeau pour son veni, vedi, vici césaresque.
Pour continuer en beauté, les césaraddicts ont pu s’offrir en prime le grand Jules Muraire. Michel Galabru et Philippe Caubère étaient de passage dans la région pour nous faire vivre un condensé de quinze années d’échanges épistolaires entre Pagnol et Raimu. L’idée d’associer un tel tandem est à mettre au crédit de Jean-Pierre Bernard, qui assure de surcroît le rôle du narrateur et la mise en scène. Le pari est tenu sans mauvais relents d’herbes Ducros frelatées : Caubère est un Pagnol tout en humour et retenue, Michel Galabru relève lui avec succès la plus grosse gageure : incarner sans excès le plus excessif des monstre sacrés. Mais qui d’autre, à part bien sûr Roger Hanin, aurait pu relever le pari (1) ?
Enfin, pour ceux dont l’obsession ne connaîtrait pas de limites, césarophages endurcis, pourquoi ne pas terminer par une petite traversée gratuite sur notre tout nouveau César électro-solaire, notre ferry-boat de l’an deux mille qui, depuis le 1er février dernier, relève le pari quotidien d’ignorer la panne ?
Texte : LC
Photo : Maby J.-L_L.Roux
• Exposition César, le Rhône pour mémoire – 20 ans de fouilles dans le fleuve à Arles : jusqu’au 19/09 au Musée départemental Arles Antique (Presqu’île du cirque romain). Rens. 04 90 18 88 88 / www.arles-antique.cg13.fr
• Exposition des sculptures de César : jusqu’au 31/03 à l’Espace Ecureuil (26 rue Montgrand, 6e). Rens. www.fondation-ecureuil.fr
• Jules et Marcel : bientôt à Avignon et Nice. Rens. www.marcel-pagnol.com/actu-jules-et-marcel-on-tour
Notes- Je plaisante.[↩]