C’est arrivé près de chez vous | Dar Lamifa
Un air de famille
Focus sur le présent et l’avenir (incertain) d’un lieu aux multiples facettes : la Dar Lamifa.
L’œil qui pétille et le cheveu court, Louis nous raconte la Dar Lamifa, projet collectif entrepris il y a quatre ans avec Thibault… La bien nommée « maison sans murs » est alors devenue un lieu ouvert à tous les vents, initié par des collectifs et associations. Les soirées concerts ou les projections agrémentées de repas y sont fréquentées par quelque cinq mille adhérents en participation libre. L’ambiance y est joviale et empreinte de bienveillance. Louis insiste sur les valeurs de tolérance et de respect de l’autre qui règnent aussi bien pendant les événements qu’au sein des groupes de travail. Il cite une anecdote : un individu particulièrement désagréable s’est retrouvé avec une cinquantaine de poignées de mains sur l’épaule l’incitant cordialement à quitter les lieux… « Un espacé dédié à favoriser l’émancipation et l’épanouissement personnel et collectif, dans une démarche d’éducation populaire, politique et d’économie sociale et solidaire », précise le site Internet.
Via des événements éclectiques qui vont de rencontres autour de la réparation des machines à laver jusqu’à des concerts noise, en passant par de l’accompagnement scolaire, le collectif de bénévoles multiplie les interventions, toutes en lien avec une certaine idée de la citoyenneté. En collaboration avec le collectif de musiciens Baklawa, les enfants ont ainsi écrit une chanson hip-hop enregistrée fin 2016…
La Dar est gérée par une association sans président, comprenant un conseil d’administration de dix membres actifs dont chacun porte les responsabilités de l’association. Les décisions sont collectives, insiste Thibault. Malgré un nombre conséquent d’adhérents (entre cinq et sept mille), aucune institution ne les soutient au niveau du fonctionnement ou de l’investissement. Pour Thibault, « la plus-value sociale n’est pas reconnue… Nous faisons vivre la critique comme un mouvement essentiel à la vie, ce qui semble peu compatible avec les logiques commerciales et la tendance à l’uniformisation des politiques des institutions locales. » Leur travail est pourtant reconnu par certains organismes (IMF, AFEV et d’autres) qui les emploient afin de consolider un fonctionnement résolument axé sur le travail solidaire.
Tout comme certains cafés associatifs marseillais, à l’instar de l’Équitable ou de Manifesten, ils ont eu droit à la visite musclée de la brigade des bars suite à une plainte des voisins pour tapage nocturne. Résultat : une visite au commissariat et une amende de 783 euros. À cela s’ajoute un rappel à la loi aux salariés. Salariés en contrats aidés… Le conseil d’administration se réunit régulièrement pour trouver une solution et tenter de faire vivre le lieu malgré la fin de ces contrats. Doriane, une autre activiste, en appelle « à toute personne qui aurait envie de s’investir bénévolement dans le collectif, nous devons trouver une nouvelle façon de fonctionner, sinon la Dar Lamifa devra fermer. »
Pour l’instant, toutes les activités habituelles continuent : les soirées ciné club organisées par l’association Primitivi (créée il y a vingt ans par des vidéastes œuvrant bénévolement pour une chronique urbaine militante), les ateliers de danses traditionnelles occitanes et les balètis par l’association Marsattrad. Mais aussi les cours de yoga et les projets d’accompagnement à l’épanouissement des enfants… Actifs, vous dit-on.
Catherine Moreau
Dar Lamifa : 127 Rue d’Aubagne, 6e.
Rens. : 09 81 88 04 05 / https://darlamifa.org
Les prochains rendez-vous à la Dar Lamifa ici