L’école des fanzines

Si vous vous baladez un jour de grand soleil dans la Rue Pastoret, à quelques pas du Cours Julien, alors il vous sera impossible de manquer la Galerie Agent Troublant, tant l’énergie que dégage ce lieu s’avère positive et contagieuse. Ouvert depuis l’été dernier, cet espace associatif est porté par la passion commune de sept amis aux profils différents mais à l’envie commune de « démocratiser l’art et d’en faire profiter un maximum au plus grand nombre. »

En recherche constante de nouveaux talents et à l’affût des différentes formes que peut prendre l’art en dehors des musées, la galerie organise régulièrement des « grosses journées », qui débutent en fin de matinée et se prolongent jusque tard dans la nuit. Par exemple, le 11 mai dernier, l’équipe avait à cœur de faire profiter amis, artistes et curieux d’une journée autour du fanzine, « mais pas que » ! Au programme : jeux vidéos, nourriture, boissons à prix libre et ateliers de « zine » sur des grandes tables au soleil.

Mais un fanzine, c’est quoi au juste ? Contraction des termes anglais fanatic et magazine, les fanzines font leur émergence au milieu des années trente avec la presse de science-fiction. Dans un esprit de Do It Yourself, les fans décident de continuer à écrire en amateur, de façon indépendante et non commerciale, les histoires qui les passionnent. Facilitées par l’arrivée de la photocopieuse, les années soixante-dix verront apparaître des fanzines d’avantage liés à une culture militante et revendicative. Encore aujourd’hui, les fanzines s’affranchissent des règles graphiques traditionnelles. La mise en page se veut confuse et brutale, et les collages et fautes d’orthographe volontairement omniprésents. Alice, membre du collectif et passionnée par le potentiel des technologies de demain, nous parle aussi des webzines/fanzines sous forme de blog, et de son envie de véhiculer des idées autrement et à moindre frais : « Ne critiquons pas les médias, soyons les médias. » En opposition à un savoir encyclopédique, « les fanzines assument leur part de subjectivité. Chaque création est une plongée dans l’univers propre à l’artiste. » Par l’échange des fanzines, un message passe et se propage, par un biais tangible, à une communauté attentive et dévouée.

Au fait des barrières que peuvent créer les institutions artistiques, tous les membres du collectif sont soucieux de leur rapport au public et ont pour leitmotiv de rester un lieu « ouvert et accessible, où l’on se sent comme à la maison. » Le but étant de pousser chacun à l’acte créatif et de s’approprier l’espace à sa manière. Tous les mercredis jusqu’au 10 juillet, le dessinateur David Ortsman proposera des cours de BD. À cela s’ajoute l’envie de préparer de nouvelles « grosses journées » et de nombreux vernissages. L’été sera doux et créatif au 7 rue Pastoret ; l’équipe n’attend plus que vous pour faire grandir le projet !

Christophe Huguenot

Agent Troublant : 7 rue Pastoret, 6^e. Ouvert du mercredi au samedi de 11h à 18h.

Rens. : www.facebook.com/AgentTroublant