Lézard dans la rue…
Clown SDF, bataille du Pacifique version burlesque, performance circassienne pure ou enchaînement de délires musicaux dansés : le temps d’un week-end, le corps se transpose dans la rue. La sixième édition des rendez-vous Chaud Dehors, à Aubagne, vise à rouvrir les chakras de nos imaginaires encore engourdis par l’hiver !
« Je ne suis pas un clochard. Bien au contraire. Je suis un clown et la rue est ma maison. Viens, Entre. » Dans Chez Léandre, Léandre Ribera invite le passant dans son univers — la rue, donc — et partage avec les specta(c)teurs les drames et les délices de son quotidien, tout en tendresse et humour. Voilà l’une des six propositions du festival d’arts de rue Chaud Dehors, organisé par le Théâtre Comœdia d’Aubagne, qui présente des spectacles où l’on croisera théâtre, danse, musique, cirque… Principalement des petites formes, telles celle des Piétons, avec leurs Haïcuc, soit quatre-vingts saynètes vocalo-dansées (de deux secondes à quelques minutes) qui déroulent chacune une image de notre époque… Jean-Marie Maddeddu, qui dirige cette compagnie depuis 1984, touche-à-tout tant musical que circassien, a — aussi — obtenu une Palme d’or à Cannes pour l’étrange et drolatique court-métrage Sculpture physique (visible sur Internet). On sera également très attentif à la sortie de chantier de la compagnie Karnavires, avec Nul n’entre ici s’il n’est géomètre, un théâtre de rue et de feu librement inspiré de la Divine Comédie de Dante, une « exploration des mondes d’en haut et d’en bas », prélude à un autre de leurs spectacles sur les migrations minières. Les Barcelonais de l’Atempo Circ nous plongent dans un univers strictement circassien, entre performance de haute volée et poésie onirique ; un ensemble visuel très fort, notamment le travail autour du mât chinois. Pleine d’évocations aussi, la compagnie Kamchàtka déboule dans la cité avec huit personnages seulement armés d’une valise et d’un souvenir. De la ville, ils découvrent les règles et les secrets avec une candeur ludique. Enfin, Le Vent divin, de la compagnie Ultrabutane, provoque l’imaginaire des passants en réinventant, de bric et de broc, la bataille du Pacifique autour d’un trio de pilotes américain, japonais et allemand. A vous de voir le décor, d’authentifier les bruits et les effets spéciaux…
Texte : Jean-Baptiste Brengou
Photo : Nul n’entre ici s’il n’est géomètre de la compagnie Karnavires
Chaud Dehors : les 3 & 4/06 à Aubagne. Rens.Théâtre Comœdia : 04 42 18 19 88