Londres, ici Marseille
Collectif de journalistes aux savoir-faire multiples, Chez Albert dépoussière le métier et préfère les angles morts aux angles droits pour des sujets ciselés et décalés.
De la presse classique à un brillant collectif où l’information est au cœur de l’action, il n’y a qu’un pas. Et Chez Albert l’a franchi allègrement en 2011, sans un regard dans le rétro. « On avait l’impression de tourner en rond, le besoin de changer d’air et d’expérimenter autre chose était devenu pressant », résume Stéphanie Harounyan, co-fondatrice du site avec Frédéric Legrand, soutenus par de nombreux Albert et Alberthe, surnoms affectueux des différentes plumes collaborant au site. Nommé en souvenir du journaliste Albert Londres, Chez Albert a vite trouvé sa route dans la jungle des médias. Ici, ce n’est pas l’immédiateté qui prime mais la qualité, ce n’est pas le journaliste qui détermine la forme à donner à un sujet mais l’information elle-même. « On a voulu se détacher du côté immédiat et on a préféré (re)devenir un outil de diffusion pour le sujet et non d’utiliser le sujet à notre convenance. » Dernier exemple en date, le feuilleton Route (nationale) 66, pour lequel Stéphanie est partie mains dans les poches et cheveux au vent en compagnie du photographe Grégoire Bernardi, la B.O. d’Easy Rider en fond sonore, découvrir si la route 66 « made in France » pouvait faire de l’ombre à son homologue américaine. « Ça m’est venu comme ça, je ne savais absolument pas ce que j’allais y trouver, j’avais une chance sur deux de revenir bredouille. C’est une autre façon de travailler et une véritable liberté. On discute entre nous des possibilités, on travaille toujours à plusieurs pour faire ressortir les grandes lignes et réfléchir à la manière dont on peut parler de tel ou tel sujet. On est comme un laboratoire, on essaie, on teste. » De ce road trip en sept épisodes, Chez Albert a tiré une exposition photographique un brin déjantée et ajoute ainsi une nouvelle carte à ses activités déjà multiples. Car au-delà de son travail journalistique, le collectif diffuse la bonne parole sur les ondes de Radio Grenouille et propose des ateliers pour enfants autour de l’actualité. « Depuis le début, on a une démarche pour les enfants avec l’émission Al’ sur le site, ces ateliers en sont le prolongement. On aime notre métier et on essaie d’expliquer aux plus jeunes son utilité et de leur donner le virus de l’info, qu’ils aient envie de s’intéresser à l’actualité. » Toujours plein d’idées et d’envies, le collectif, qui n’a pas encore trouvé son équilibre économique, continue son développement sur la toile et s’offre un relooking beauté pour une année 2014 qui s’annonce chargée en actualités…
Aileen Orain