En confrontant sur scène chiens, dresseurs, psychanalyste, philosophe et danseur, Michel Schweizer livre un brillant essai sur le pouvoir et la soumission.
On entre dans la salle, les cinq chiens sont déjà sur scène, seuls. Couchés, ils ne paraissent pas dérangés par l’entrée du public. Puis ils sortent, tandis que les hommes entrent un à un.
Une réflexion est lancée sur l’humain, sur son rapport au pouvoir et sur le besoin qu’il a d’être « dirigé », la relation entre les molosses et leurs maîtres figurant celle de l’homme et d’un dieu. Un véritable dialogue se crée alors entre l’homme et les canidés par différents moyens comme la danse ou le « combat ».
Primordiale, la place attribuée aux chiens évolue petit à petit, passant de la soumission totale à la supériorité sur l’homme. Cet homme qui, de la même façon, prend progressivement le dessus sur le dieu et se croit maître de lui-même.
Des arguments construits se succèdent alors, autant de jeux de mots et d’exemples permettant d’aborder des sujets comme le capitalisme et d’autres problèmes sociaux de façon un peu plus ludique. Les personnes fâchées avec la philosophie se surprendront à aimer réfléchir aux différents problèmes posés par la pièce.
Voilà un défi intéressant que lance le metteur en scène Michel Schweizer en confrontant des personnages que l’on voit rarement ensemble dans la vie courante.
Si « bleib » signifie « pas bouger » en allemand, le moment passé au Merlan nous incite au contraire au mouvement et à une réflexion intéressante, menée avec brio.
Texte : Pierrick Bonjean
Photo : Desmesure
Bleib Opus # 3 était présenté au Merlan du 24 au 26/01