Chloé Dugit-Gros – No newspaper this summer
Thelma, Louise et Chloé…
La librairie-galerie Histoire de l’Œil présente les dernières œuvres de Chloé Durgit-Gros, souvenirs d’un périple aux States durant lequel l’artiste questionne la forme et le processus artistiques…
Sortir de l’atelier, prendre une voiture, deux copines et faire 6 000 kilomètres entre Houston et Los Angeles. Sur la route, laisser libre cours à la spontanéité, à la découverte. Lorsque Chloé Dugit-Gros entreprend son road trip, elle n’a pas d’idée précise, elle veut juste sortir et voir le monde… En chemin, elle fait certaines rencontres, avec des formes, avec des actes, des formes et des actes artistiques.
Les œuvres montrées à la galerie HO sont toutes postérieures à son voyage, à l’exception de la vidéo Prestidugitation 2010, dans laquelle la mise en scène de formes géométriques aux perspectives ambiguës raconte une histoire abstraite, une histoire de formes/couleurs.
Chloé Dugit-Gros puise dans le répertoire plastique de la peinture moderne abstraite géométrique. La grille, un label de modernité selon Denys Rioult, revient de façon récurrente dans son travail. Sous forme de damier (Did you find a place where you could stay ?) ou de quadrillage déformé (Talisman), ce vocabulaire formel chargé d’une histoire, celle de l’art, constitue, une fois les utopies artistico-sociales retombées, un discours privé de subjectivité qui se concentre sur l’autonomie de l’art.
L’œil de Chloé Dugit-Gros guète les images post-modernes, elle les détecte autour d’elle, les inclut dans son travail et réintroduit le discours. Si la grille annonçait jadis le silence de l’art moderne et son hostilité envers la littérature, le récit, la plasticienne lui confère une nouvelle vocation, probablement afin d’injecter dans le monde de l’art géométrique une trace du paysage, social ou autre, comme chez Peter Halley.
Les formes de l’artiste ont donc une histoire non pas universelle mais personnelle, que les titres des œuvres dévoilent en partie. La sculpture Talisman est issue d’un pendentif qu’elle trouve lors de son voyage… Dans la vidéo Mystical fire on studio table, elle restitue dans son atelier un acte maintes fois opéré lors de son voyage : un feu de camp. Elle crée ainsi des liens entre ce qui d’habitude s’oppose : l’interprétation et la subjectivité et l’art concret, l’expérience artistique dans et hors atelier.
Les œuvres de Chloé Dugit-gros semblent dire qu’expériences artistique et personnelle sont indissociables et que, comme le pensait Hume, la beauté n’est pas une qualité inhérente aux choses, mais qu’elle existe seulement dans l’esprit de celui qui la contemple…
Texte : Céline Ghisleri
Photo : Peaches de Chloé Chloé Dugit-Gros
Chloé Dugit-Gros – No newspaper this summer : jusqu’au 12/03 à la Galerie HO/Histoire de l’œil (25 rue Fontange, 6e). Rens. 04 91 48 29 92 / www.histoiredeloeil.com