Chris Dyer – British Excentricies à l’Atelier de visu
Cheese !
Pour sa première exposition en France, Chris Dyer présente à l’atelier De Visu ses British Eccentricities, un focus sur ce que les Anglais peuvent avoir de plus barré.
Chris Dyer a l’œil pour le détail qui tue. Là où l’intégralité de la scène induirait un regard pathétique, en extirper un détail confère au propos du photographe un ton cocasse. L’artiste a le don de savoir chopper au vol l’incongruité d’une scène, d’un détail, lequel privé de son contexte apparaît comme plus décalé encore.
A mi-chemin entre la comédie et le film réaliste social, les photos de Chris Dyer racontent l’histoire d’une Angleterre aux antipodes des couronnes et de Kate Moss, à mille lieues du glamour de la capitale. Celle d’un pays où tous les débordements sont possibles. En rire ou en pleurer ? Telle est la question. On rit d’une canne sculptée en tête de chien méchant ? Déjà moins drôle, cette main blessée, écorchée… Insolite, ce type de dos, arborant l’inscription « Brazil » sur son t-shirt en train de pisser ? Dégueulasse, cette boîte de Big Mac qui traîne dans l’herbe et dans laquelle la nature reprend ses droits. On ne sait pas toujours que penser ou ressentir devant les photos de Dyer. On est juste interloqués par le choc ou l’incapacité de comprendre ce qui se trame vraiment et à quelle histoire se rattachent ces images.
Le photographe choisit ses sujets dans « les rassemblements humains » : festivals, manifestations politiques, concours et compétitions… Des milieux populaires propices à tous les débordements, à toutes les excentricités, des milieux au contexte social tendu et dans lesquels les protagonistes semblent se dérober à la réalité — de dingue, qui rend dingue — comme pour mieux y coller. Vous avez dit absurde ?
Chris Dyer porte sur ses personnages un regard chaleureux, bienveillant. Inutile d’en rajouter, donc, pour le photographe, qui se limite à « un cadrage toujours simple, frontal, en opposition avec les scènes et sujets excentriques auxquels il est confronté. »
On sent bien que Chris Dyer a tout retenu de Martin Parr : pas question ici de fustiger qui que ce soit, seulement se faire le révélateur amusé d’une situation ambigüe, sans trop sacrifier au sens des réalités… « Dans la décadence et le ridicule qui constituent notre quotidien, le seul salut possible semble alors venir du sens de l’humour éminemment british de l’artiste. » (Martin Parr)
Céline Ghisleri
Chris Dyer – British Excentricies : jusqu’au 26/02 à l’Atelier de visu (19 rue des Trois Rois, 6e). Rens. 04 91 47 60 07 / www.atelierdevisu.fr