Chez Jeanne Barret lors du festival Sonic Protest © Damien Boeuf

Sur les pavés le rock | Complètement Barret, Jeanne !

Elle est arty, un peu creuse, voire perchée, et qu’elle fut la première à faire le tour du monde n’en fait pas une révolutionnaire. Mais Jeanne Barret et ses ateliers nous ont fait chavirer !

 

A priori, l’endroit n’a rien pour plaire. C’est loin, le métro et l’entrepôt de la RTM juste à côté ne faisant que souligner le peu de desserte des quartiers nord. Nous voilà dans d’anciens entrepôts transformés en friche culturelle à la faveur de ces opérations qui nourrissent des tags du genre « l’artiste précède le flic ». Les propositions comme la faune qu’elles drainent donnent des envies de remake d’Attentat 2 où IAM met le souk dans un vernissage. Mais si elle nous a tapé dans l’œil et l’oreille, c’est parce qu’elle est Barret, Jeanne ! Sinon, on n’aurait pu y voir, à la fin de l’été et de la nuit, un groupe dont le morceau phare s’intitule Stop dancing ! Pourtant, Bracco, duo bruitiste mêlant guitare martyrisée, synthé bidouillé, micro mâché et percussions épileptiques, a réussi à faire trembler la structure d’acier et réveiller l’assistance. Quand il n’avale pas, littéralement, le micro en se fourrant la main dans le short, Baptiste, le chanteur, scande un morceau de choix du deuxième album : I love you so much because you’re trash. La plus belle ode à Marseille ! Le nom du groupe suivant ne pouvait être mieux trouvé : Postcoïtum. Et, juste avant Noël et de se barrer, Jeanne nous fait un autre cadeau : France ! Non, pas le paquebot de Michel Sardou, mais un trio hypnotique dont les prestations invitent à la transe. Le flyer se voulait rigolard, annonçant « le sosie de Patrick Swayze à la vielle à roue ». Oui, Patriiiick, de Point Break ! L’égérie de Brice de Nice, celui qui cherche LA vague. Ce soir-là, on l’a trouvé. France, c’est un batteur qui, inlassablement, répète le même rythme avec, en face, un bassiste faisant de même. Et Patrick, vieux de la vielle, de nous scotcher dans ses vagues de son. Plusieurs fois, on a bu la tasse et failli se noyer. Faut se méfier des petites vielles, surtout à roue ! Alors, attention, quand surgit Jeanne, barrez-vous. N’approchez qu’avec prudence. Des ateliers portant le nom de la première femme à avoir fait le tour du monde, normal de chavirer !

 

Sébastien Boistel

 

Ateliers Jeanne Barret : 5 Boulevard de Sévigné, 15e. Rens. : www.jeannebarret.com

Après Grave, Bracco vient de sortir Dromonia chez Born Bad.
Rens. : www.facebook.com/LaBraque/