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Chroniques, Biennale des imaginaires numériques

La vie électrique

 

Après un premier essai (concluant) en 2016, la biennale Chroniques des Imaginaires Numériques s’apprête à décoller pour un voyage initiatique et technologique planant.

 

Vous l’aurez sûrement croisée dans les rues de Marseille ou d’Aix-en-Provence, aux arrêts de tram ou de bus : l’affiche anticipatrice de Chroniques, la Biennale des Imaginaires Numériques présente une jeune femme sur une plage au crépuscule, regardant son téléphone dans sa main gauche. Peut-être que vous aussi, il vous a fallu regarder cette image une seconde fois avant de remarquer que sa main droite tient une laisse, au bout de laquelle on découvre que l’animal de compagnie à ses côtés n’est autre qu’un drone. Une image qui contient le vocabulaire et les préoccupations de cette première véritable édition d’une biennale qui s’annonce prometteuse, visionnaire et cosmopolite.

Qui n’a jamais rêvé de voler, s’élever, s’extraire de l’attraction terrestre ?

À cette affiche s’ajoute une phrase, que l’on peut voir à divers endroits de cette manifestation, et qui s’adresse directement à celui qui la lit : n’as tu jamais rêvé de voler ? de t’élever ? de t’extraire de l’attraction terrestre ? Scénario d’anticipation, la biennale invente donc un monde où nos animaux de compagnie seraient des objets technologiques volants, où les désirs donnent des ailes robotisées, où la réalité et la fiction ne sont qu’une somme de constellations, réseaux informatiques et connexions expérimentales.

Imaginaire et invention ont toujours été le point de convergence d’un profond désir de décoller les pieds (et la tête) du sol pour les artistes, inventeurs, expérimentateurs, créateurs et ingénieurs — Leonard de Vinci a peut-être été le premier à s’y atteler vraiment. Les acteurs de cette manifestation s’emparent de tous les mediums pour brouiller les limites spatio-temporelles : l’art vidéo, le son, l’installation (cinétique, immersive, audiovisuelle, lumineuse…), la performance, la photographie, la sculpture, le mapping…

Cette première édition met à l’honneur le Québec, pays novateur et précurseur en matière de technologie et création.

 

Survol des propositions

Supervisions. Voir plus, plus loin, plus petit, plus grand… Des caméras de surveillance aux drones en passant par les capteurs ou les satellites, une quinzaine d’artistes français et internationaux prennent d’assaut la Tour Panorama de la Friche pour offrir une vision panoramique des problématiques d’un monde où les technologies sont au service des avancées de la science, mais aussi d’un monde global de plus en plus militarisé.

Expériences en suspension. Cinq installations se déploient dans l’espace public (façade de l’Opéra de Marseille ou les Allées provençales d’Aix), dans des églises (Chapelle de la Visitation), à la Galerie Hors Les Murs ou à l’Office de Tourisme d’Aix. On retient son souffle, on fait le vide, on perd le contrôle : moments d’apesanteurs multi sensoriels et interactifs à expérimenter.

Mondes parallèles. Via des récits d’histoires et de mémoires fictives ou inventées au Frac, deux artistes scannent la réalité pour réécrire des mythes complotistes, des théories scientifiques, ou réinterpréter les méthodes mathématiques et archéologiques. Les deux films plongent le spectateur dans un cosmos où des fossiles de civilisations deviennent les prétextes d’un questionnement sur les écritures du passé et ses transformations.

Paysages inversés. Le dispositif même du regard est un retournement de la vision ; qu’en serait-il d’un monde qu’on regarderait à l’envers ? L’exposition au Gallifet Art Center à Aix-en-Provence présentera les travaux d’Émilie Brout et Maxime Marion, finalistes de l’appel à projet international de la plateforme de production Chroniques, aux côtés de cinq artistes qui proposent de renverser notre perception.

Chroniques, c’est aussi la création numérique qui s’interroge sur elle-même grâce à toute une programmation de rencontres professionnelles, de conférences et de masterclasses. Un univers connecté et toujours en mouvement avec des évènements nocturnes : des spectacles chorégraphiques et lumineux, des performances, des lives électro, des mapping urbains et architecturaux… Des expériences qu’on a hâte de découvrir et de vivre, en lévitation.

 

Mathilde Ayoub

 

Chroniques, Biennale des imaginaires numériques : du 9/11 au 15/12 à Marseille et Aix-en-Provence.

Rens. : https://chronique-s.org

Le programme complet de la Biennale Chroniques ici