Una pistola en cada mano de Cesc Gay

CineHorizontes à Marseille et en région PACA

La Ultima Pelicula

 

Pour sa douzième édition, le festival de cinéma espagnol CineHorizontes investit de nombreuses salles pour une programmation riche et festive, sous forme de vaste panorama de la création transpyrénéenne.

 

Ne nous y trompons pas : si nous recevons encore, dans l’hexagone, quelques (bonnes) nouvelles du cinéma espagnol (Blancanieves, belle surprise de l’année, L’Artiste et son modèle de Fernando Trueba, le dernier Almodovar — toujours métronomique — ou le charmant film d’animation La Tête en l’air d’Ignacio Ferreras…), la situation de l’industrie cinématographique est aujourd’hui dramatique outre Pyrénées, à l’instar de ce que traversa la production italienne dans les années 80. Cette grave récession, corollaire à la situation économique du pays, broyé dans l’engrenage des prétendues crises de la dette, change aujourd’hui, radicalement, le visage de la création espagnole en matière d’images en mouvement, mettant un terme à un essor, cette dernière décennie, dont on ne pouvait que se féliciter (récemment encore, tout comme en France, le pays produisait près de deux cents films par an). Outre les radicales coupures de budget sur le soutien au financement des œuvres, la TVA a grimpé, quant à elle, de 8 à 21 %, achevant d’asphyxier une industrie jusque-là dynamique. Il devient donc vital, pour les cinéastes transpyrénéens, et ce fut le cas pour les films susmentionnés, de multiplier les partenariats financiers hors des frontières, et plus largement de modifier les modes de création. C’est dans un tel contexte que se déroule, à Marseille et sa région, le douzième festival de cinéma espagnol CineHorizontes, devenu référence en matière de culture cinématographique hispanique. Durant près d’une dizaine de jours, l’équipe organisatrice nous propose un voyage dense mais festif au sein d’une production loin d’être décidée à courber l’échine. Après une soirée d’ouverture consacrée à l’opus de Cesc Gay, Una pistola en cada mano, en présence de l’acteur principal Javier Camara, ce sont près d’une trentaine de films qui égrèneront la manifestation. L’une des sélections parallèles nous replongera, avec délectation, dans la movida madrilène des années 70 et 80, qui vit le jour après la mort de Franco, dans un pays en pleine transition démocratique. Ce pan de l’histoire espagnole s’accompagna d’une explosion culturelle pop-punk qui construisit pléthores de ponts transgenres entre les différents arts. Une poignée de films viendront nous rappeler le dynamisme de cette époque incroyable, d’où émergèrent quelques cinéastes, dont Pedro Almodovar. Outre les films réunis dans la sélection officielle, dont une bonne quantité en avant-premières régionales, le festival a décidé cette année de consacrer une partie de sa programmation à la jeune création transpyrénéenne, qui prouve ici que la contrainte du manque de moyens ne nécrose en rien la force créatrice. CineHorizontes a par ailleurs multiplié les partenariats, exportant le festival dans de nombreuses salles phocéennes (le MuCEM) ou régionales (l’Utopia d’Avignon). Nul doute que l’évènement viendra relever le parfum de nos soirées automnales, dans une ambiance frénétique familière à la manifestation.

Emmanuel Vigne

 

CineHorizontes : du 8 au 16/11 à Marseille et en région PACA.
Rens. 04 91 08 53 78 / www.cinehorizontes.com / www.mp2013.fr

La programmation de CineHorizontes détaillée jour par jour ici