Il est couillon, flemmard et fêtard. Elle est arrogante, glaciale et ne se déplace jamais sans un balai là où on pense. Unis pour le pire et le meilleur dans la gestion d’une agence de détectives où les portes claquent, les noms d’oiseaux fusent et les vannes empêchent tout dialogue, Maddie Hayes, une ex-mannequin sur la paille, et David Addison, un ex-rien du tout, s’emploient donc à se pourrir la vie à défaut de la gagner en résolvant les affaires qui se présentent — toujours mal. En effet, l’agence Clair de Lune s’est spécialisée, à l’insu de son plein gré, dans des affaires pour le moins insolites et les clients bons à enfermer, comme cette vieille dame qui désire être protégée de son mari décédé… ou cet homme qui cherche à faire annuler le contrat sur sa tête qu’il avait lui-même commandité. Mais ces affaires, aussi décalées soient-elles, ne doivent pas nous faire perdre de vue que la grande affaire de la série est justement la « love affair » de Maddie et David. En effet, même s’ils mettront six saisons à se l’avouer, nos deux héros en pincent, aïe, l’un pour l’autre, s’épanouissant dans cet amour vache, meuh. Si le véritable fil rouge de Clair de lune était la love story à retardement, la série n’aimait rien tant que la déconne à tout va, la parodie comme étendard : relecture shakespearienne, voyage(s) dans le temps ou épisode musical redéfinissaient chaque semaine le cadre de la série US. Ainsi de la mise en abyme, vertigineuse et pionnière, où il n’était pas rare de voir Cybill Shepherd et Bruce Willis sortir du champ pour consulter un scénario alambiqué, négocier en direct cinq minutes de rab’ avec la production, chanter le générique à la place d’Al Jarreau ou apostropher les téléspectateurs ! Culte, définitivement.HS