Claude Mc Kay, hommage à un poète venu du large
Ce poète afro-américain fera prochainement l’objet d’un hommage à la hauteur de son legs phocéen : première conférence cette semaine
Dans le fabuleux roman Banjo (1928), réédité par André Dimanche dans sa collection Rive Noire en 1999, le héros Ray zone dans la Fosse, quartier miséreux situé au pied du Panier, détruit par les nazis en 1943 avec la bénédiction des édiles locales. Entre blues au ukulélé, bordels et cabarets, réflexions sur l’identité noire et cuites monumentales, il offre au lecteur ce refrain : « shake that thing ! » Claude Mc Kay, donc : poète né en Jamaïque (1889-1948), vénéré par Césaire et Senghor, célébré dans le monde anglo-saxon comme un hérault des Amériques noires. La passion et l’érudition d’Armando Coxe (Cocotte Musique) fédère aujourd’hui des énergies célébrant un marginal, un temps proche des bolcheviks, père caché de la Harlem Renaissance (mouvement de créativité littéraire, musicale et picturale noire du New York des années 20), anticolonialiste et bon vivant… La directrice du département Langues et littérature de l’Alcazar, madame Fritzinger, mesure tout l’impact esthétique et patrimonial du projet ; Armando, lui, insiste sur son aspect identitaire et universel : révulsé par les relents colonialistes et racistes qui emboucanent l’hexagone, il souhaite associer les volontés créatrices pouvant restituer la mémoire porteuse d’avenir d’un poète férocement éternel. Une suite est envisagée avec Moussu T (dont le premier album a directement été inspiré par Banjo), des ateliers slams, des cousins américains, une grosse manifestation à l’automne 2008, sans compter l’édition française de Retour à Harlem. Le slogan susmentionné s’avère dès lors plus qu’approprié pour le programme de ce samedi à la BMVR : projection du Big fella (comédie musicale jazzifiante inspirée de Banjo et tournée à Marseille en 1936), table-ronde avec des spécialistes de Mac Kay et interventions poético-musicales de Guylaine Renaud, femme troubadour.
Laurent Dussutour
« Claude Mac Kay et Marseille », conférence à l’Alcazar le 3 avec divers invités, 16h30