Colloque « Regards croisés sur une cinémathèque à Marseille » à Coco Velten
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Du jeudi 12 au samedi 14 mai, à la Halle Coco Velten, l’association Dodeskaden, associée à la Ville de Marseille, nous invite à trois journées particulièrement denses sur la thématique « Regards croisés sur une cinémathèque à Marseille » : une occasion, en présence de nombreux·ses invité·e·s, de repenser le modèle global cinématographique.
Marseille est en ébullition cinématographique. Depuis les annonces, début septembre dernier, du chef de l’État dans la cité phocéenne, annonces quelque peu subites, ayant donc un peu pris tout le monde de court, les forces en jeu régionales s’investissent pour concrétiser la volonté jupitérienne, celle de faire de Marseille l’un des pôles majeurs du cinéma en Europe, pensé par ailleurs (sic !) « comme un outil de diffusion de la culture en Afrique et en Méditerranée ». Sur ce dernier point, il serait en effet temps de s’y atteler, afin de soulager l’immense travail déjà effectué depuis de nombreuses années par divers festivals régionaux. Les axes de ces annonces se composaient peu ou prou comme suit : la modernisation du Pôle média de la Belle de Mai, la création d’une nouvelle base logistique pour accueillir les tournages et les studios, la création d’un premier bassin de tournage en mer et l’implantation de l’école de cinéma Cinéfabrique. Sans oublier le projet de monter une antenne marseillaise de la Cinémathèque Française. Projets théoriquement louables, mais dont la mise en forme réelle n’est pas sans poser problèmes, en l’occurrence dans l’équilibre de la création des structures et de la mobilisation de l’existant. Un casse-tête pour la direction culturelle de la Ville, malgré l’implication sans faille et bienveillante de l’adjoint à la culture Jean-Marc Coppola. Cette ambition sera sans nul doute précédée de nombreux temps d’échanges, de rencontres et autres tables rondes, avant de voir émerger la moindre pierre. Ce fut déjà le cas lors de la dernière édition de la Semaine Asymétrique du Polygone Étoilé, et le clou sera un peu plus enfoncé lors de l’événement porté par l’association Dodeskaden du 12 au 14 mai : en collaboration étroite avec la Ville de Marseille sera ainsi proposé, à la Halle Coco Velten, tout un ensemble de colloques, de conférences, de projections, de tables rondes, de retours d’expériences, en présence d’un large panel d’invité·e·s, représentant les forces vives cinématographiques, locales et nationales. Cette proposition permettra ainsi d’affiner collectivement les réflexions sur l’éventualité d’un tiers-lieu du cinéma, à Marseille, englobant la question des images d’archives et de leur diffusion. Question que développent par ailleurs depuis de nombreuses années les équipes du Polygone Étoilé, qui accueilleront la manifestation lors de la projection du film de Nicholas Ray, We can’t go home again. D’où, dans la mesure du possible, l’impérieuse nécessité de la convergence des luttes. « Regards croisés sur une cinémathèque à Marseille » déroulera durant ces trois jours un programme particulièrement dense : quatre tables rondes permettront d’une part de s’interroger sur la question du cinéma dit de patrimoine, d’évoquer les laboratoires de diffusion, d’embrasser l’existant sur les actions d’éducation à l’image et des formations, et de revenir sur la dynamique cinématographique territoriale. Les conférences proposées par Éric Le Roy (Histoire des cinémathèques), par Léo Souillès-Debats (Histoire critique d’une éducation populaire cinématographique non-commerciale en France) ou par Katharina Bellan (Des expériences de décentralisation : Faire, montrer, débattre du cinéma à Marseille et dans sa région) permettront par ailleurs d’éclairer les échanges de la manière la plus pertinente qui soit. Enfin, concernant les projections proposées dans le cadre de la manifestation, outre la séance susdite au Polygone Étoilé, nous découvrirons au cinéma La Baleine l’opus Ailleurs, partout, film d’Isabelle Ingold et Vivianne Perelmuter. Gageons que ces trois jours d’immersion permettront d’éclairer plus encore la situation de la diffusion dans l’hexagone, en offrant de nombreuses pistes de ré-enchantement dans un contexte dramatiquement inédit pour l’industrie commerciale.
Emmanuel Vigne