Conversation(s) avec une femme – (USA – 1h25) d’Hans Canosa avec Helena Bonham Carter, Aaron Eckhart…
Quelques couples se traînent encore sur la piste, les serveurs commencent à remiser petits-fours et flûtes de champagne, un mariage a été célébré, la fête est vraisemblablement finie. Une femme, en robe de satin rose, observe les manèges tout en fumant une cigarette. Un homme, costume noir et cravate… (lire la suite)
Post-coïtum animal triste
Quelques couples se traînent encore sur la piste, les serveurs commencent à remiser petits-fours et flûtes de champagne, un mariage a été célébré, la fête est vraisemblablement finie. Une femme, en robe de satin rose, observe les manèges tout en fumant une cigarette. Un homme, costume noir et cravate, l’accoste et engage la conversation. Elle est venue sans son époux pour remplacer une demoiselle d’honneur. Il venu sans sa fiancée et est le frère de la mariée. Après quelques coupes de champagne et autres banalités, le couple (pas si) improvisé revient sur le(ur) passé dans un flot de paroles et d’images ininterrompu. Opus mineur autour de l’éternelle mais romantique incompatibilité des sentiments entre un homme et une femme, Conversation(s) avec une femme n’en est pas moins une jolie réussite formelle grâce son séduisant dispositif du « split screen », développé par le cinéma US dans les années 70 via les thrillers politiques des Frankenheimer et autres Friedkin, et revisité plus récemment par la série 24. L’écran scindé en deux parties — allégorie du champ/contrechamp comme « poids du réel », cher à André Bazin, fondateur de la critique de cinéma — implique émotionnellement le spectateur et permet de faire la part belle aux souvenirs et de saisir les réactions et les pensées des protagonistes. Avec cette caméra embarquée à hauteur d’âmes, le spectateur a l’impression de regarder par le petit trou de la serrure, d’entrer par effraction dans l’intimité de ce couple et d’être emporté « dans le tourbillon de la vie », pour citer la magnifique chanson de Jeanne Moreau. Pour terminer, saluons la performance des deux acteurs : la pas sexy du tout Helena Bonham Carter (madame Burton à la ville) tour à tour ironique, mélancolique et lunaire ; et le très sexy Aaron Eckhart (découvert en biker-nounou-chevelu dans Erin Brokovitch) enjôleur, insouciant et solaire. Le film idéal, en ces temps hautement footballistiques, qui ravira la gent féminine allergique au ballon rond. Et elles sont nombreuses, les bougresses !
Henri « cœur d’artichaut avec petits pois » Seard