Après avoir décollé de Marseille, le projet Strings of Consciousness a pris son envol de par le monde pour finalement atterrir tout récemment dans les bacs : debriefing
Mark Hollis, à l’époque des derniers enregistrements de Talk Talk (les seuls qui vaillent), l’avait bien compris : le silence est primordial dans la musique et quelques notes placées au bon endroit, au bon moment, valent plus que l’intégrale des enregistrements de Genesis, antithèse même du sujet ici abordé. Le projet Strings of Consciousness – en référence au « stream of consciousness », technique littéraire proche de l’écriture automatique – participe du même élan : la démonstration technique s’efface au profit de l’émotion pure, la musique fait fi des étiquettes en vigueur pour s’aventurer vers des contrées jusque-là inexplorées. Ce projet, et c’est là le gros de l’affaire, on le doit initialement à deux musiciens marseillais : Hervé Vincenti (guitariste aguerri à l’expérimentation comme au sound-design) et Philippe Petit, infatigable défricheur de sons au travers de ses labels Pandemonium (orienté rock, aujourd’hui en sommeil) et Bip-Hop (tourné vers une certaine abstraction électronique). A l’origine, les deux hommes travaillent sur une bande-son ambient, très épurée. Rapidement, leur vient l’idée d’élargir considérablement le propos en intégrant d’autres musiciens : Philippe a un carnet d’adresse bien fourni à l’international, des gens avec qui il partage une « vision » artistique, mais aussi et surtout des affinités humaines. Le processus d’interaction est en marche : SOC sera ce collectif à géométrie variable où musiciens d’ici et (surtout) d’ailleurs viendront, par-delà des trajectoires parfois édifiantes, échanger humblement leur savoir-faire et leurs idées… « Chacun amène sa pierre, chaque chose doit être à sa place : le résultat est beaucoup plus important que l’ego de chacun (…) Nous cherchons avant tout à développer des climats, des ambiances : c’est une musique qui laisse beaucoup de place à l’imaginaire. » De fait, ce disque ne saurait supporter une écoute distraite : exigeant, il demande que l’on s’y consacre pleinement, dévoilant ses richesses au fil des écoutes, dans un maëlstrom sonore qui tient autant de l’ambient que du post-rock, de la noise que du… spoken word. Car la dimension narrative de l’affaire est une composante essentielle du projet : divers intervenants de choix (Eugene Robinson d’Oxbow, Scott McCloud de Girls vs Boys, Black Sifichi ou Barry Adamson, qui a signé SOC sur son label) viennent poser leurs textes sur chacun des titres de cet album qui, au final, doit autant à la littérature qu’aux dernières évolutions majeures de la musique indé. Bien sûr, tout cela n’aurait pas été aussi facile à mettre en place sans Internet : les progrès de la technologie permettent aujourd’hui l’échange de fichiers musicaux à la vitesse grand V, l’abolissement des frontières culturelles, géographiques. Et c’est bien de cela dont parle Strings of Consciousness : une musique libre de tout format, de toute contrainte, une œuvre affranchie. Presque une révolution.
PLX
Dans les bacs : Our moon is full (Central Control/La Baleine)
En concert au Riddim Collision Festival (Lyon) le 31 octobre
Philippe Petit en dj-set, le 26 au Lollipop Store à 18h30
www.myspace.com/stringsofconsciousness