Il est des courses qu’il faut savoir abandonner. Pas par lassitude ou renoncement, mais par conviction. À l’ère du dérèglement climatique, le « retour de la croissance » est-il sincèrement souhaitable ? Le revers de la vente avortée d’armements à l’Australie, ourdi par les États-Unis, est-il nécessairement le signe d’une perte ? Pour situer notre place dans cet ancien monde qui meurt, nous entendrons pointer notre déclassement. Dans les premières lueurs du monde qui vient, les mouvements de domination et de puissance semblent pourtant devoir s’incliner. L’apparition du concept d’écoféminisme dans la primaire écologiste témoigne de cette évolution. Le bon vieux mâle alpha nous mène droit dans le mur en accélérant ; le reste de la tribu doit reprendre la main avant qu’il ne soit trop tard. Les chemins sont multiples. Celui de la décroissance fait la part belle à la sobriété. La « dépuissance » serait la force de la solidarité. Affirmer le devoir de vigilance à l’égard des atteintes à l’environnement qui résulte de son fait, rechercher l’harmonie entre les être vivants et avec la nature, désarmer à tout crin, accepter la minorité… À peine les débats d’idées des primaires des partis entamés, nous observons les Allemands rechercher les points communs entre les divergences de vue pour diriger le pays, les parlementaires européens atteindre le consensus à tous les étages pour avancer. Nous persistons à nous en remettre à celui ou celle qui passera la ligne en premier.
Victor Léo