Crimes à Oxford - (GB/Espagne – 1h43) d’Alex De La Iglesia avec John Hurt, Elijha Wood…

Crimes à Oxford – (GB/Espagne – 1h43) d’Alex De La Iglesia avec John Hurt, Elijha Wood…

Branlette espagnole

cine-Crimes-a-oxford-3.jpgLe cinéma espagnol est-il surestimé ou, plus prosaïquement, fait-il chier ? Question hautement délicate et d’une mauvaise foi évidente que l’on est en droit de se poser au sortir de ce Wudonit (1) raté, qui ne fait que reproduire les codes du genre quand il ne verse pas dans la simple caricature. En effet, hormis l’institutionnel Almodovar et quelques disciples barrés — Bigas Luna (Jambon, Jambon) ou Julio Medem (Lucia y el sexo) —, la nouvelle génération du cinéma ibérique nous les brise menu. D’Amenabar (et ses prétentieux Tesis, Ouvre les yeux) à Del Toro (et son barnum mystico-horrifique, Labyrinthe de Pan, L’échine du diable) en passant par De La Iglesia qui bouffe à tous les râteliers (pour un Crime farpait délirant, combien de croûtes ?), le constat est pour le moins déceptif. Et qu’on ne reverra pas à la hausse tant ce Crimes à Oxford, drôle d’objet filmique, donne à voir tout ce qu’il ne faut pas faire lorsqu’on s’attaque à une histoire de crime parfait/jeu de pistes façon Agatha Christie. Sans en révéler la substantifique moelle, ni la fin grotesque — le scénariste Jorge Guerricaechevarria, un nom à donner le tournis à tous les fans de Scrabble®, n’a pu l’écrire qu’imbibé de cerveza —, le film s’avère pompeux (plans-séquences inconséquents comme dans les Fincher des mauvais jours), gênant (trop d’emprunts-hommages à Hitchcock, de L’homme qui en savait trop à La corde) et, au final, ridicule (il y a plus de coupables potentiels et de rebondissements que dans un épisode de Scoubidou). Il y aura certainement des gens qui sortiront enthousiasmés de ce Cluedo® de l’Eurovision, fans des Histoires extraordinaires de Pierre Bellemare ou lecteurs du Nouveau détective. Les autres se rabattront sur Un cadavre au dessert, chef-d’œuvre de 1976 de Robert Moore, qu’il sera difficile de surpasser.

Henri Seard

Notes
  1. « Qui a fait le coup ? », dans la terminologie hitchcockienne[]