Cycle « À voix contées » au Videodrome 2
Tout conte fait
Au Videodrome 2, salle vivante et vivifiante du Cours Julien, le nouveau cycle « À voix contées » propose, en sept films magnifiques, l’exploration d’une forme de récit cinématographique qui, prenant en compte le fantastique du conte, parvient à mieux nous faire appréhender le monde contemporain.
Une certaine tendance du cinéma a gagné ces dernières décennies une majorité de productions présentes sur nos écrans : celle d’un rapport tronqué au réel, celle d’un rendez-vous loupé avec les formes de représentations d’une vérité qui tout bonnement n’existe que dans l’œil d’un autre : le cinéma en vérité n’est pas celui de la vérité. C’est en assumant ce mensonge que le cinéma trouve les voies de la transcendance et nous rapproche alors du réel, un réel commun, immanent, universel. Un film ne nait pas de la vie, il nait du mythe qui s’en dégage. Jusqu’au 16 avril, l’équipe du Videodrome 2 nous offre ainsi un cycle parfait pour saisir du regard la fonction même de l’image en mouvement, en une petite poignée de films finement sélectionnés. Avec « À voix contées », la salle du Cours Julien fabrique un cycle de sept films où le merveilleux du conte est prétexte à ouvrir les larges portes qui mêlent temps ancestraux et paysages contemporains. À commencer par l’éblouissant Bella e perduta, de Pietro Marcello : après La Bocca del lupo, le cinéaste italien nous livra une fable puisant sa force dans le miracle précaire de la vie, et dans laquelle Polichinelle côtoyait, dans une cosmogonie parfaite, un bufflon napolitain. Autre chef d’œuvre qui a laissé de fortes traces dans l’histoire récente du cinéma, la trilogie Les Mille et une nuits de Miguel Gomes filme la réalité portugaise contemporaine avec le ton d’une fable absurde qui fait ainsi délicieusement résonner le trouble, celui même que devrait ressentir tout spectateur face à une œuvre essentielle. L’équipe du Videodrome 2 nous offre alors à voir le second volet de cette trilogie, Le Désolé. D’autres opus incontournables s’offrent à nous lors de ce cycle pertinent, de La Chasse au lion à l’arc de Jean Rouch à L’Arc et la flûte d’Arne Sucksdorff, en passant par L’Enfant et le Caïman de Mustapha Dao ou In the dark de Sergey Dvortsevoy. Autant d’opus qui ont su hisser le geste cinématographique à sa dimension universelle, passant par tous les chemins de traverse du récit fantasmagorique.
Emmanuel Vigne
Cycle « À voix contées » : jusqu’au 16/04 au Videodrome 2.
Rens. : https://www.videodrome2.fr/cycle-cinema-a-voix-contees/
Le programme complet du cycle « À voix contées » ici