Girlfight de Karyn Kusama

Cycle « Caméra au poing » au Videodrome 2

Cordes of the ring

 

Les femmes dans la boxe, représentées par le documentaire de création, seront au cœur du cycle « Caméra au poing », proposé par le collectif La Frapppe et le Videodrome 2 : trois longs métrages, trois courts, une exposition, une rencontre avec la boxeuse Aya Cissoko et un dj set composeront un programme particulièrement pertinent.

 

 

Imaginé par le collectif La Frapppe (pour Fédération Radicale des Ami-es du Poing Poing Poing Énervé), en association avec les équipes du Videodrome 2 de Marseille, le cycle « Caméra au poing » explore un champ cinématographique tout à fait original, et aux vastes degrés de lectures, dans les luttes qui secouent nos sociétés contemporaines : la boxe au féminin dans le documentaire de création. De Charlie Chaplin à Martin Scorsese, la caméra a fréquemment tournoyé dans l’espace restreint d’un ring de boxe : il s’agit là d’ailleurs du sport le plus représenté dans l’histoire de l’image en mouvement. Tantôt exercice de style, symbolique des luttes sociales, exégèse quasi biblique ou détournement du geste comique, le film de boxe s’est décliné de moult manières, parallèlement à l’évolution des sociétés. Le hic, et pas des moindres, c’est que cette représentation a presque toujours été masculine. L’opus de Clint Eastwood Million dollar baby, même si non dénué de certaines failles, fit alors l’effet d’une bombe auprès d’un large public. Mais il s’agit, ici encore, d’un arbre cachant une forêt qu’il est grand temps de défricher : avec la poignée de films proposés lors du cycle « Caméra au poing », sans omettre les rencontres et autre exposition, c’est toute la symbolique à la croisée des luttes qui s’ouvre à nous, a fortiori dans le champ documentaire. À commencer par l’opus Girlfight de Karyn Kusama, qui suit, dans un univers exclusivement masculin, la lente réparation de Diana Guzman, à l’intérieur, mais également à l’extérieur du ring, telle une véritable lutte initiatique. Burqa Boxers d’Alka Raghuram nous transporte quant à lui aux confins de l’Inde, afin de suivre le parcours de Razia Shabnam, l’une des premières femmes entraîneuses du pays et arbitre internationale. Enfin, Lætitia, documentaire percutant sur une ancienne championne de boxe thaï, de Julie Talon, dresse un portrait de femme absolument saisissant. Le cycle sera ponctué d’une rencontre avec la boxeuse française Aya Cissoko, de la projection des courts Un corps provisoire de Djamila Daddi-Addoun, La Lutte est une fin d’Arthur Thomas-Pawlowsky, Dernier Round de Nine Antico et Julie Conte, de l’exposition proposée par le collectif La Frapppe, et d’un DJ set Boxe et paillettes d’Audrey et Bé.

 

Emmanuel Vigne

 

Cycle « Caméra au poing » : du 18 au 21/05 au Videodrome 2 (49 cours Julien, 6e).

Rens. : www.videodrome2.fr

Le programme complet du cycle Caméra au poing ici