La Classe ouvrie?re va au paradis d'Elio Petri

Cycle Gian Maria Volontè au cinéma Le Méliès

Acteur enragé

 

Le cinéma Le Méliès de Port-de-Bouc consacre au mois de juin une petite rétrospective à l’immense acteur italien Gian Maria Volontè, figure tutélaire de la production transalpine des 70’s.

 

Certains acteurs ont pénétré le cinéma comme Ulysse a traversé l’île de Circé. Sortant indemnes — voire renforcés — des poisons distillés par cette industrie du rêve qui jura violemment, pour certains, avec l’abyssale réalité. Des acteurs qui ont porté leurs rôles au-delà de l’interprétation. A se demander même si le cinéma n’avait pas été créé pour eux (ou pour elles, c’est selon — on pense à Gene Tierney ou Simone Simon). L’acteur italien Gian Maria Volontè fait partie de cette race d’acteurs dont l’intelligence et la profondeur ont incarné les rôles qui lui furent attribués. La caméra se noyant parfois dans la profondeur du regard épais de cet interprète transalpin qui quitta, encore jeune, l’héritage d’une vie bourgeoise pour les routes saltimbanques du théâtre et, plus tard, du cinéma. Le Méliès de Port-de-Bouc lui consacre un petit cycle de quatre films qui offriront l’occasion de (re)découvrir la puissance de jeu de cet acteur hors-norme. Parmi cette sélection, l’incontournable Et pour quelques dollars de plus de Sergio Leone était forcément de rigueur, puisque ce western spaghetti de 1965 permit à un large public de repérer, face à un Clint Eastwood en pleine ascension, un Gian Maria Volontè ambigu, dans le rôle désormais mythique de l’Indien, bandit sans foi ni loi. Mais l’axe principal de ce cycle demeure bel et bien dans la poignée d’œuvres politiques tournées par l’acteur à l’orée des 70’s, en écho à son propre engagement. Elio Petri et Francesco Rosi, entre autres, lui fournirent ainsi ses plus belles partitions. Deux films programmés lors de cette courte rétrospective en témoignent : Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon et La Classe ouvrière va au Paradis, tous deux signés Elio Petri, illustrent parfaitement la mutation du cinéma italien sur une nouvelle décennie qui se révélerait chaotique. Enfin, l’équipe du cinéma propose, le vendredi 20 juin, une soirée spéciale consacrée à l’acteur, avec, en seconde partie de soirée, la projection unique de l’opus aujourd’hui inédit de Giuliano Montaldo, en copie numérique restaurée, Sacco et Vanzetti. La sortie du film étant prévue en août, cette projection fait en quelque sorte office d’avant-première nationale. Cette œuvre de 1971 revient sur le destin tragique de deux anarchistes injustement condamnés aux USA, dans les années vingt. Gian Maria Volontè disparut en 1994, alors qu’il tournait sous la direction d’Angelopoulos, pour Le Regard d’Ulysse : nul doute que ce rôle crépusculaire aurait collé à la peau d’un interprète exceptionnel au sein de la cinématographie transalpine.

Gaby Leuvielle

 

Cycle Gian Maria Volontè : du 5/06 au 1/07 au cinéma Le Méliès (12 rue Denis Papin, Port-de-Bouc).
Rens : 04 42 06 29 77 / www.cinemeliesportdebouc.fr

La programmation jour par jour du cycle Gian Maria Volontè ici