Cycle Satyajit Ray à l’Institut de l’Image
Ray de lumière
L’Institut de l’Image consacre son nouveau cycle à l’immense cinéaste indien Satyajit Ray : une dizaine de films afin de nous rappeler la beauté d’une œuvre incontournable pour tout ciné-fils.
Au sein d’un pays majeur en termes de production de films, l’œuvre de Satyajit Ray résonne comme une échappée qui marquera durablement la cinématographie indienne. Elle s’extraie évidemment d’une certaine tendance du cinéma populaire éminemment prolifique, et distille un regard aiguisé sur la société, rarement atteint depuis. La reconnaissance sur le plan international du cinéma de Satyajit Ray résonne dès les années cinquante avec l’explosion de la cinéphilie, la France ayant joué un rôle majeur dans la découverte d’auteurs internationaux. La rencontre de Ray et Renoir — au moment du tournage du Fleuve — fut d’ailleurs déterminante pour le cinéaste né à Calcutta, ville-décor qui marquera solidement ses films. Ses portraits de la classe bourgeoise nous offrent ainsi un autre regard sur l’Inde, à l’instar du chef-d’œuvre Le Salon de musique, qui fut tardivement découvert hors des frontières indiennes. Satyajit Ray ne tournait que dans sa langue d’origine, le bengali, refusant les doublages en hindi, généralement utilisé dans la plupart des films populaires. D’où une œuvre qui s’adressera principalement à un public cinéphile international. Redécouvrir sa filmographie sur grand écran est un bonheur que nous fait partager ce mois-ci l’Institut de l’Image, avec la programmation d’une dizaine d’œuvres du maître. Hormis ses films incontournables — Le Salon de musique, donc, mais également le sublime Charulata ou Les Joueurs d’échecs —, d’autres opus moins diffusés valent le détour par la salle aixoise. Des jours et des nuits dans la forêt met en scène quatre jeunes gens, de condition sociale particulièrement privilégiée, rejoignant la région de Palmau pour quelques jours de repos. Le film, d’une lenteur toute contemplative, dessine en filigrane toute la complexité des rapports sociaux dans l’Inde des années soixante. Un autre pan de l’œuvre de Satyajit Ray s’attache à transmettre un héritage culturel qui habite sans cesse l’auteur, comme nous le dévoile Le Dieu Elephant. Plonger dans l’œuvre du réalisateur indien est un long parcours, comme en témoignait l’un de ses films éponymes, au cœur de la jungle humaine.
Emmanuel Vigne
Cycle Satyajit Ray : du 7 au 27 mai à l’Institut de l’Image (Cité du Livre – Salle Armand Lunel, 8-10 rue des allumettes, Aix-en-Provence).
Rens. : 04 42 26 81 82 / www.institut-image.org
Toute la programmation du cycle Satyajit Ray jour par jour ici