Il était un père d'Yasujirô Ozu

Cycle « Yasujirô Ozu – 120 ans »

Osons Ozu

 

L’Institut de l’Image d’Aix-en-Provence s’empare cet automne des six films rares voire inédits du grand maître japonais Yasujirô Ozu, figure emblématique de l’âge d’or du cinéma nippon, magnifiquement restaurés par les équipes de Carlotta Films.

 

 

Yasujirô Ozu reste l’un des cinéastes japonais dont l’œuvre ne cesse d’ouvrir, décennies après décennies, des angles de lectures kaléidoscopiques et éminemment complexes. Longtemps placé sous le signe de la famille, le réalisateur à la soixantaine de films a su bien plus largement développer un regard d’une infinie délicatesse sur l’évolution des mœurs de son époque, créant une pléiade de personnages confrontés au modernisme technologique, au sein d’une société aux traditions familiales ancestrales. Tel un orfèvre, les fameux plans moyens du cinéaste, alternés aux plans larges, et l’utilisation des objets dans sa composition, ont permis d’écrire les plus belles pages du cinéma mondial, à l’instar de Voyage à TokyoLe Goût du saké ou Printemps précoce. Grâce au formidable travail du distributeur Carlotta, et à l’occasion des cent vingt ans de la naissance et des soixante ans de la disparition du maître nippon, six nouveaux films magnifiquement restaurés sortent cet automne en salles, dont de formidables raretés. En marge de leur présentation au Festival Lumière de Lyon, l’Institut de l’Image d’Aix-en-Provence nous offre ici une occasion rêvée pour découvrir ces opus exceptionnels sur grand écran ! Du 2 novembre au 1er décembre, l’équipe, qui s’est provisoirement installée à l’amphithéâtre de l’École d’Art d’Aix-en-Provence durant les travaux du Cinéma de la Manufacture, nous convie à saisir toute la majesté d’une partie inédite de l’œuvre de ce pilier de l’âge d’or du cinéma japonais. À commencer par l’un de ses plus beaux films, Il était un père, tourné durant la Seconde Guerre mondiale, et qui développe avec force élégance les relations délicates entre un père et son fils. Nous ne saurons trop conseiller de se plonger après la découverte de ce chef d’œuvre dans l’excellent livre de l’auteur Jacques Laurans, Père éternel, véritable appel à la rêverie, à la poésie, à partir du récit d’Ozu. Signalons que la séance du dimanche 26 novembre, à 14h30, sera présentée par Pascal-Alex Vincent, spécialiste du cinéma japonais, et auteur, lui aussi, de l’ouvrage Yasujirô Ozu, une affaire de famille, l’excellente librairie aixoise Lagon Noir proposant derechef une table de livres savamment sélectionnés. Pascal-Alex Vincent ne s’arrêtera d’ailleurs pas en si bon chemin lors cette belle rétrospective, puisqu’il présentera également Les Sœurs Munakata, où l’on retrouve dans le premier rôle la grande vedette Kinuyo Tanaka, dont on a récemment découvert les films inédits — et sublimes — en qualité de réalisatrice. Femmes et voyousRécit d’un propriétaireUne femme dans le vent et Dernier Caprice complèteront cette rétrospective de toute beauté, où se déploieront certains codes très précis dans l’univers à nul autre pareil de Yasujiro Ozu.

 

 Emmanuel Vigne

 

 

Cycle « Yasujirô Ozu – 120 ans » : du 2/11 au 1/12 à l’École d’Art d’Aix-en-Provence Félix Ciccolini.

Rens. : www.institut-image.org/

Le programme complet du cycle Yasujirô Ozu ici