Cyrano © Laurence Janner

Cyrano au Badaboum Théâtre

Cyrano m’était conté

 

Après Quasimodo et La Petite Sirène, Anne-Claude Goustiaux continue de mettre en lumière les héros inadaptés avec Cyrano. Un classique haut en verbe auquel le Badaboum redonne toutes ses couleurs.

 

Disons-le d’emblée : ce Cyrano est une réussite. Plus qu’une belle opportunité de (re)découvrir ce classique, la pièce a quelque chose de propre au théâtre d’aujourd’hui par sa façon d’envisager avec simplicité les intrigues et rebondissements multiples. Car au-delà de la si célèbre tirade du nez, c’est sur l’amitié et la complicité de deux rivaux que la lumière est faite, révélant toute la complexité des sentiments et des relations amoureuses.
Le casting étonnant n’y est pas pour rien. En choisissant un danseur pour incarner un héros caractérisé par son éloquence, le metteuse en scène Anne-Claude Goustiaux permet de donner à Cyrano un corps dont l’agilité renvoie à l’habileté de son esprit — et non à l’ingratitude de son physique. François Bouteau, que l’on connaît notamment pour son travail avec la compagnie de Georges Appaix, donne une légèreté et une grâce inouïes au personnage. Fredéric Schulz-Richard, qui joue Christian, le jeune mousquetaire à qui les mots manquent pour dire son amour à Roxane, s’avère un comédien habité, excellant dans un registre qu’on ne lui connaissait guère jusque-là. Quant à l’objet de tous les désirs, la belle Roxane, elle est interprétée par Anne Naudon, dont le port altier et la grâce la confondent avec son personnage. A eux trois, les comédiens mènent tambour battant les cinq actes et quelques 2600 vers d’Edmond Rostand, dans une traversée pertinente de l’intrigue, ici miraculeusement réduite à une petite heure de jeu, permettant l’attention des plus jeunes.Dans cette pièce qui parle aussi de cape, d’épée et de mousquetaires, les costumes sont magnifiques, baroques et chatoyants.
Le pari de la transmission est réussi : les enfants sont ébahis, attentifs, malgré un langage rendu difficile d’accès par les quatre siècles qui nous en séparent.

Joanna Selvidès

 

Cyrano : jusqu’au 3/05 au Badaboum (16 Quai de Rive-Neuve, 7e).
Rens. : 04 91 54 40 71 / www.badaboum-theatre.com