Aubaine ou malédiction, Glenn Close a toujours été abonnée aux rôles de salopes. Salope chaudasse dans Liaisons fatales, salope enfarinée dans Les liaisons dangereuses, salope canine dans Les 101 dalmatiens, salope végétative dans Le mystère Von Bülow, l’actrice a passé quinze ans à décliner la salope dans tous ses états et pourrir la vie de tout le monde au cinéma. Indésirable sur grand écran depuis 2000 — Hollywood n’aime pas les vieilles salopes —, elle fait désormais les beaux jours du petit écran en guest star revêche et roide, où ses qualités ès salope ont fait récemment le bonheur des fans d’A la Maison Blanche et The Shield. Une telle permanence et régularité dans la saloperie se devait d’être consacrée : c’est chose fait avec Damages, formidable écrin noir et série judiciaire cruelle où Glenn Close en impose, encore et toujours, en pasionaria du barreau qui n’aime rien tant que briser des hommes d’affaires véreux. Mais pas que. Aussi à l’aise en avocate harpie qu’en patronne retorse et manipulatrice, la « charmante » et omnipotente Patty Hewes n’éprouve également aucun scrupule à instrumentaliser sa propre équipe — la jeune avocate Ellen Parsons l’apprendra à ses dépens. Aux antipodes de séries juridiques chorales et romantiques comme Ally McBeal ou Boston Justice de David E. Kelley, Damages appuie là où ça fait mal, démontrant par l’absurde que la profession d’avocat, cette salope, est un combat de tous les instants, sur tous les fronts — extérieurs (pas de pitié pour la partie adverse) et intérieurs (aucun cadeau envers ses collègues). Et floute, à l’instar des schizophréniques Vic Mackey, Tony Soprano ou Jack Bauer, la frontière entre le bien et le mal. Créée par Todd A. Kessler, fameux scénariste des Soprano, la série lancée l’été dernier avec succès par la chaîne câblée FX s’est vue offrir une seconde saison qui débutera pour la plus grande joie de notre commercial barbu, accro à la perversité botoxée de Patty Hewes, début janvier. Pour un nouveau (Close) combat…
Henri Seard