Dans la vie - (France – 1h13) de Philippe Faucon avec Sabrina Ben Abdallah, Ariane Jacquot…

Dans la vie – (France – 1h13) de Philippe Faucon avec Sabrina Ben Abdallah, Ariane Jacquot…

Les affinités électives

cine-Dans-la-vie-2.jpgOn aurait eu toutes les raisons de se méfier de Dans la vie — dont la bande-annonce nous promettait une comédie « hallal et casher » avec son lot de bons mots français et arabes, le tout sur fond d’une bonhomie typiquement méditerranéenne — si le film n’avait été signé par Philippe Faucon. L’auteur de Samia et de La trahison travaille en effet depuis ses débuts en marge d’un cinéma français dont les préoccupations politiques trop endogènes n’embrassent guère l’histoire coloniale de notre pays. Ici, ce n’est plus la relation de l’individu à la société qui intéresse le réalisateur, mais celle entre des individus issus de communautés différentes. Esther, une vieille dame juive et infirme, et Halima, sa dame de compagnie musulmane, doivent apprendre à vivre ensemble. Dans la vie peut commencer… On est tout d’abord surpris par l’image un peu terne qu’offre la caméra DV scrutant les intérieurs des appartements toulonnais, et aussi par le jeu parfois approximatif des acteurs, non professionnels. Pourtant, progressivement, le récit capte notre attention. Le travail de Philippe Faucon sur les corps, et l’espace qu’ils occupent, est simple et précis : le cadre isole les personnages dans leur « territoire » — leur fonction — avant de s’élargir peu à peu pour les inscrire ensemble dans le plan. Cette évolution renforce l’enjeu fictionnel qui trouve son épanouissement dans la dernière demi-heure du film ; on assiste alors à la naissance de deux vrais personnages, deux belles figures de cinéma dont la sincérité rend le récit véritablement touchant. L’aspect documentaire du film fait parfois penser à La graine et le mulet, même s’il ne possède pas ce trop-plein de vie qui faisait la puissance du film de Kechiche. Au final, loin des clichés trop souvent attachés aux communautés musulmanes et juives, Dans la vie nous conte, avec beaucoup de réalisme et d’humour, et malgré ses quelques errements initiaux, une histoire attachante dont l’humanisme profond n’a absolument rien de niais.

nas/im