Dans Paris – (France – 1h32) de Christophe Honoré avec Romain Duris, Louis Garrel…
Garçon/Fille, Comédie/Tragédie, Père/Fils…Tout, dans le dernier film de Christophe Honoré, respire la rupture et l’opposition. Ce souci de la disjonction touche… (lire la suite)
Les histoires d’amour finissent mal…
Garçon/Fille, Comédie/Tragédie, Père/Fils…Tout, dans le dernier film de Christophe Honoré, respire la rupture et l’opposition. Ce souci de la disjonction touche aussi le scénario : Paul (Romain Duris) part vivre à la campagne avec sa compagne afin de redynamiser une histoire d’amour qui s’endort, mais c’est l’échec. Après leur séparation, il revient vivre avec son frère Jonathan (Louis Garrel) et leur père (Guy Marchand) dans l’appartement familial. Entre un père bienveillant mais impuissant et un frère collectionnant les aventures, Paul vit mal ce « repli familial » et déprime. Le premier mérite du film est d’avoir réussi à faire cohabiter de manière crédible, deux personnages que tout oppose : Paul ne parle pas, ne rie pas, ne mange même pas tandis que son frère court, chante, passe son temps à jouer, prenant les rues de Paris pour une cour de récréation. Romain Duris, d’un minimalisme admirable et d’une noirceur inquiétante, joue (peut-être pour la première fois) tout en retenue. Louis Garrel lui, s’éclate, joue (au sens premier du terme) et nous dévoile par la même occasion son admiration sans bornes pour Jean-Pierre Léaud. La réussite du film tient aussi à l’équilibre entre tension et légèreté, comme les disputes de Paul et sa fiancée, auxquelles succèdent les facéties de « Jonathan le fou ». Comédie ou tragédie, le film se révèle successivement des deux pour créer au final une œuvre plutôt atypique. Hors normes, Dans Paris l’est aussi dans sa manière, à la fois insistante et imaginative, de rendre hommage à la Nouvelle Vague. Les références à Une femme est une femme et à la trilogie Doinel affluent, et Christophe Honoré convoque même le fantôme de Jacques Demy pour une conversation téléphonique chantée et troublante. Jamais stériles, ces citations participent d’une liberté de ton rarement aussi présente à l’écran. De plus, la présence de Louis Garrel ravive en notre inconscient cinématographique le jeu de Maurice, grand-père et acteur né, et la magie de Phillipe, jeune auteur révolté devenu maître à penser. Evoquer ici le début du film avec cette apostrophe-caméra (merci Bergman, Truffaut et Godard !) serait trop vous en dire. Le procédé est astucieux, la distanciation, parfaite, et l’humour, omniprésent. Du noir et de la couleur, du rire aux larmes, Dans Paris se révèle capital.
nas/im