De Klimt à Hundertwasser. Un siècle d’or et de couleurs aux Carrières de Lumières des Baux-de-Provence
Divin Val d’Enfer
Dernière création aux Carrières de Lumière des Baux de Provence, le Vienne de Klimt revisité par le trio Iannuzzi, Gatto et Siccardi tient toutes ses promesses.
L’adresse a de tout temps fait se boucher le nez aux précieuses et précieux du milieu de la culture. C’est vrai que l’endroit peut, en été, les dimanches et jours fériés, prendre des airs de Plan-de-Campagne et le Val d’Enfer plus que mériter son nom. Mais n’en déplaise aux gardiens du Temple, depuis la Cathédrale d’images originelle imaginée et fondée par Albert Plécy, jusqu’à la version actuelle produite par Culturespaces (1), la principale réussite de ce lieu aura justement été d’ouvrir, via une mise en forme hors-norme, des univers picturaux variés au plus large public. La recette est imparable : une technologie de pointe du son et de l’image (2), le tout dans un lieu magique. Bien sûr, le choix du sujet restant crucial, la programmation a donc, depuis les débuts, mis l’accent sur des peintres pour lesquels la couleur était au centre de l’œuvre, ou choisi pour certains autres de s’intéresser à la période pendant laquelle la lumière avait guidé leur création. Après Van Gogh, Gauguin, Picasso, Chagall, Monet et Renoir, voici donc venu le temps des Viennois : Klimt, Schiele et Hundertwasser. Au risque de choquer les fans d’Egon (dont je fais partie), ainsi que les amateurs de Fritz (auxquels je n’appartiens pas), on peut dire sans appel que Gustav écrase ici la concurrence. Sa palette de couleurs vives éclabousse littéralement la rétine, ses femmes ensorcellent à coup sûr, et l’or, omniprésent, illumine chaque étape. Le résultat est un pur plaisir dont on ne peut déplorer que l’extrême fugacité, doublé de la certitude de vouloir en prendre une ration supplémentaire dans les mirettes. Le temps d’un petit tour dans la partie « à ciel ouvert » des carrières pour admirer les vestiges des temps laborieux, et jeter un coup d’œil à l’espace dédié à Jean Cocteau (3), et voilà venu le moment de retourner à Vienne. Merci qui ? Merci Klimt !
LC
De Klimt à Hundertwasser. Un siècle d’or et de couleurs : jusqu’au 4/01/2015 aux Carrières de Lumières (Route de Maillane, Val d’Enfer, Les Baux-de-Provence).
Rens. : 04 90 54 55 56 / www.carrieres-lumieres.com
Notes
- Un contentieux juridique oppose encore aujourd’hui les héritiers du fondateur du concept à la mairie des Baux et à son délégataire Culturespaces (filiale de GDF-SUEZ). Pour en savoir plus sur cette sombre affaire au parfum de spoliation, cf. Le Ravi n°76 (juillet/aout 2010).[↩]
- Système AMIEX (Art Music & Immersive Expérience).[↩]
- Il y tourna Le Testament d’Orphée en 1959.[↩]