Depuis six ans déjà, le GMEM développe des séances électroacoustiques qui privilégient l’écoute des nouvelles formes de créations sonores. Et si l’on ouvrait nos oreilles…
On l’a tous fait un jour, pour triper sur un Pink Floyd ou se relaxer sur de la musique new age. Au concert d’Amon Tobin, à Gardanne, un voisin m’avait refilé l’astuce alors que je m’ennuyais ferme depuis quinze minutes… Autechre, enfin, en plongeant tout le monde dans le noir au Cabaret Aléatoire, avait radicalisé le principe : fermer les yeux. Quand il n’y a plus rien à voir, c’est fou tout ce que l’on entend ! Le festival Trans’électroacoustique prolonge ce constat pour la sixième année consécutive, à l’opposé de nos pratiques habituelles : rester debout et entassés, le regard très occupé par rien (un ordi portable ou un gars concentré sur des outils), en résistant à des sons que nos oreilles tentent de traduire en musique. Chaises longues, son en quadriphonie, extinction des feux : alors que les jambes se déplient dans le silence nocturne encore entrecoupé des quelques blousons que l’on dézippe, le concert peut commencer. Des voix s’élèvent et se souviennent, hésitantes. Parfois une musique les entoure et leur donne une densité, un contexte. Ainsi sollicité, notre cerveau déambule et associe les bribes qui s’additionnent en suscitant une foule d’histoires dont on oublie vite de trouver le sens. Il ne s’agit là que d’un guide à pensées, un aiguilleur de rêves plus vrai que nature. Alors que le montage joue avec les nuances et les intentions, profitant de notre sensibilité nouvelle, une stéréo de lourdes respirations m’indique l’état méditatif de mes voisins. Bien que la satisfaction fut générale à la suite de ces cinquante minutes de transport imaginaire, il n’en reste pas loin que la moitié de la salle s’était endormie !
Texte : Emmanuel Germond
Photo : Claire Lamure
Le festival Trans’électroacoustique était présenté par et au GMEM.
Séances supplémentaires au MAC les 29 et 30. Rens. 04 96 20 60 10