Souvent concentré sur son propre nombril, le théâtre se meut de plus en plus en accessoire bavard et insignifiant. Comme si le monde extérieur, qu’il représente et condense, n’existait plus… Avec Elf, la pompe Afrique Nicolas Lambert s’inscrit, lui, dans le théâtre d’utilité publique.
Souvent concentré sur son propre nombril, le théâtre se meut de plus en plus en accessoire bavard et insignifiant. Comme si le monde extérieur, qu’il représente et condense, n’existait plus… Avec Elf, la pompe Afrique Nicolas Lambert s’inscrit, lui, dans le théâtre d’utilité publique.
Les planches doivent prouver que le langage n’éclaire pas que par intermittence. Le théâtre, dernier bastion possible de la désobéissance, se doit de proposer autre chose que de simples objets consensuels de consommation culturelle. La scène doit servir de tremplin pour véhiculer des idées (naturalistes) que la télévision, la presse et le cinéma ne relaient plus auprès du public. Le théâtre doit avoir la conviction profonde de la portée de ses actes… Ce à quoi, avec Elf, la pompe Afrique, illustration retentissante de ce procès qui défraya la chronique, Nicolas Lambert répond présent. Et bien présent. Seul, incarnant tous les protagonistes, comme Caubère le magnifique avant lui, il dresse un portrait acide des hommes et du monde des affaires. En maîtrisant parfaitement la parole de chacun, il n’en contrôle que mieux le sens. Ce qui va être dit, ce qui est dit maintenant lui appartient. Renvoi de la balle aux politiques. Nos dirigeants parlent en notre nom. Lambert parle au nom de nos dirigeants. De manière épurée, pour contrer le mensonge au moment même où on le prononce. Mentir c’est un métier, dénoncer en est un autre. Les armes sont pourtant les mêmes… « Liberté, égalité » au royaume des Elf, ça sonne bien, non ?
Texte : Lionel Vicari
Photo : Benoit Acton
Jusqu’au 17/12 à la Minoterie. Rens. 04 91 90 07 94