Des nouvelles… de Coco Velten
Dans un quotidien désormais gouverné par l’incertitude, nous donnons la parole aux forces vives de la culture, touchées de plein fouet par la crise sanitaire.
Tiers-lieu hybride et associatif piloté par Yes We Camp, Coco Velten aura traversé cette année de tempêtes en s’impliquant toujours plus dans le quartier populaire de Belsunce où il a, temporairement, élu domicile il y a un an et demi. Kristel Guyon, coordinatrice de projet, Raphaël Haziot, coordinateur artistique, et Elsa Buet, chargée de programmation, font le bilan avec nous, en attendant impatiemment de « relancer la machine ».
À quoi aurait ressemblé l’année 2020 de votre structure sans la crise sanitaire ?
Coco Velten étant un projet temporaire, 2020 constitue notre deuxième année d’existence : celle de la mise en orbite après celle du lancement, durant laquelle nous voulions renforcer nos liens avec les habitants et associations du quartier, consolider les multiples partenariats avec les structures culturelles et sociales marseillaises, accueillir toujours plus de propositions d’implications volontaires citoyennes ou artistiques. Cette année aura été marquée par l’annulation de grands évènements (Manifesta, les Babelsunciades…), mais les liens qui ont mené à ces propositions sont toujours là et nous sommes impatient.e.s de pouvoir relancer la machine une fois cette période passée.
Suite à l’arrêt brutal de vos activités provoqué par le premier confinement, avez-vous pu compter sur des soutiens physiques, psychologiques, financiers ?
Comme bon nombre de structures, nous avons pu bénéficier des aides du chômage partiel, en mettant nos équipes à l’arrêt. Durant l’été, suite à l’appel à projet « Rouvrir le Monde » de la DRAC et de la Préfète à l’égalité des chances, nous avons pu accueillir des artistes en résidences (le rappeur Dario, Tigresse Compagnie et Stefan Eichhorn) qui ont ouvert leurs processus de créations aux enfants du quartier ou habitant sur le site au sein de la résidence sociale de Coco Velten.
Avez-vous eu la possibilité de vous réorganiser, voire de vous réinventer, afin de pouvoir profiter un minimum des quelques mois de répit partiel qui ont précédé cette nouvelle épreuve ?
La période du premier confinement fut assez intense puisque nous avons décidé de transformer la Cantine en un lieu de production alimentaire : grâce à la mobilisation de nombreux.ses bénévoles, de l’association la Cantina et du restaurant social Noga, nous produisions près de 400 repas par jour, qui étaient distribués aux personnes sans abris par Sara Logisol et le Samu Social.
L’entre-deux a été d’abord marqué par une reprise sur les chapeaux de roues et un nouveau souffle. Cependant, ce fut difficile de garder le cap suite aux annonces consécutives limitant l’ouverture au public. Les formats ont dû être repensés pour correspondre aux mesures sanitaires : concerts assis, circulation des publics, calcul des jauges. Le challenge était de taille pour continuer de construire avec les artistes, les résident.e.s, les voisin.e.s, une expérience sensible du projet. Notre envie de co-construire les contenus s’est renforcée : faire ensemble, être plateforme, proposer des outils communs pour tou.te.s.
Enfin, cette période nous a permis de prendre le temps, notamment de mieux connaître les voisins. C’est en prenant le temps dans Belsunce que nous avons pu redonner un nouveau souffle au festival des Belsunciades, devenu Babelsunciades, qui réunit un collectif d’acteurs culturels, citoyens et habitants du territoire. Nous avons eu et gardons l’envie de mutualiser nos forces à l’échelle du quartier, et de dessiner un futur commun.
Arrivez-vous à trouver un quelconque aspect positif, qu’il soit personnel, organisationnel ou communautaire, à toutes les difficultés engendrées par ces handicaps répétitifs ?
Ce n’est pas un aspect positif lié directement à cette crise, mais nous trouvons que celle-ci a pu jouer un rôle de révélateur de nombreuses solidarités, belles, fortes et particulièrement présentes à Marseille.
Quel est votre sentiment quant à ce deuxième confinement ? Quelles sont vos perspectives d’avenir ?
Ce deuxième confinement est arrivé sans vraiment qu’on y soit préparé, bien qu’il y ait eu des effets d’annonce. Nous avons peur de la vague psychologique de pertes de liens, notamment pour les personnes les plus isolées, et des répercussions économiques de la crise pour le quartier. Le retour du confinement se traduit à Coco Velten par la volonté de continuer à faire ensemble et à maintenir le lien. Nous continuons les chantiers participatifs avec les résidents qui vivent sur le site, leur permettant de se réapproprier les espaces et de contribuer à faire chez soi. Nous continuons le déménagement de nos ateliers de bricolage dans les Archives, avec la perspective d’une ouverture pour le quartier à la sortie de ce deuxième confinement.
Nous maintenons le lien avec les associations du quartier pour reprendre une action de solidarité et d’aide alimentaire auprès des plus impactés. Et nous préparons la suite, en discussion pour une prolongation avec nos propriétaires, car il ne reste plus qu’un an avant la fin de l’occupation temporaire de Coco Velten.
Avez-vous mis en place des mesures spéciales pour garder le lien avec vos spectateurs pendant ce reconfinement ?
Nous mettons à nouveau en place la production alimentaire de paniers repas destinés aux personnes sans-abris et des colis alimentaires pour les familles du quartier de Belsunce, particulièrement impactées par la crise économique. Nous accueillons toutes les personnes ayant des envies d’implication les bras ouverts !
Propos recueillis par la rédaction
Pour en (sa)voir plus : https://cocovelten.org
www.facebook.com/cocovelten