Désordres par le Groupe 3e Etage (étoiles et solistes de l’Opéra de Paris)
A hauteur de geste
Neuf danseurs de l’Opéra Garnier et leur chorégraphe, Samuel Murez, débarquent dans la cité phocéenne pour y semer leurs Désordres. Avec un titre pareil, Marseille, ville de pagaille urbaine et politique, ne pouvait qu’y faire écho.
Samuel est fondateur et directeur artistique du groupe 3e Etage depuis 2004. Ce dernier est constitué de danseurs de l’Opéra de Paris, qui virevoltent dans toute la France pour proposer des successions de courtes pièces entourant la danse d’un ruban d’humour, de théâtre, et de mime. Ce joyeux mélange, qui possède quelque chose de cinématographique, a d’ailleurs conduit un journaliste à surnommer Samuel le « Chaplin de la danse ». Tout en trouvant très prétentieux d’oser s’identifier à l’acteur-réalisateur, l’intéressé se reconnaît bien dans les nombreux habits des films de Charlot, entre irrévérence, émotion, humour, et clown ; mais aussi dans des aspirations convergentes. Dans ses créations, à l’instar de Chaplin, il cherche à « contrôler tous les paramètres, entre chorégraphie, production, distribution, et composition musicale, voire même réalisation vidéo ». Ce n’est pas qu’au 3e étage de l’immeuble Désordres que l’ascenseur artistique s’arrête. A l’Opéra Garnier, cet étage est celui d’où les danseurs peuvent regarder les spectacles ; une manière de rappeler que Samuel a été danseur avant de mettre en scène ses propres œuvres.
Le fil conducteur de Désordres, c’est « la tension entre ordre, au sens des règles strictes de l’Opéra, et le désordre, au sens de l’aspiration à la création. Entre le trop et le pas assez de règles, il y a une zone fertile et intéressante pour le metteur en scène, les danseurs, et les spectateurs. » Cela soulève bien entendu la question de la règle à mettre en place et/ou à transgresser et, au-delà, du concept de danse. Pour Samuel, la danse n’est pourtant pas au centre du spectacle, car ce qui importe le plus, c’est ce qui est raconté. Il ne souhaite pas se revendiquer d’un genre, mais a simplement recours à des palettes d’expressions qu’il maîtrise (danse, lumière, son, maquillage…) pour amener le spectateur là où il ne savait pas être. De nouvelles règles sont inventées sur scène avec lui, et c’est la définition même du spectacle qui est révisée. Dans ces conditions, « Le Lac des cygnes peut tout autant être un spectacle de danse qu’un film de kung-fu. »
Si les jambes de Samuel ont bien travaillé pendant ses années d’Opéra, sa tête tourne à plein régime avec sept spectacles représentés cette saison, tous autoproduits, et deux en cours d’écriture, sans compter les projets vidéo… Le 3e Étage est toujours prêt pour accueillir de nouveaux clients.
Guillaume Arias
Désordres par le Groupe 3e Etage (étoiles et solistes de l’Opéra de Paris) : le 18/06 au Silo (36 quai du Lazaret, 2e).
Rens. : www.silo-marseille.fr
Pour en (sa)voir plus : www.3e-etage.com/fr
Bonus
Petit questionnaire à la Proust.
Si le groupe 3e Etage était…
… un animal imaginaire
Une sorte de génie sortant d’une lampe et présentant des formes différentes à chaque fois avec surprise et inventivité.
… un vêtement ou un accessoire vestimentaire
Un vêtement réversible. On penserait que c’est une chose, avec un côté soigneux, structuré ; mais l’autre côté serait bariolé et non conventionnel.
… un outil de bricolage
Ce serait évidemment, au risque de me répéter, un outil multifonction, polymorphe. Il ne s’agirait pas simplement de changer ses embouts mais de pouvoir le reconfigurer entièrement pour qu’il ait une toute autre fonction.