Desperate Singers par l’Ensemble Télémaque

Desperate Singers par l’Ensemble Télémaque

Faux semblants

Avec Desperate Singers, l’Ensemble Télémaque investit toutes les dimensions de l’androgynie et, au-delà, nous interroge sur le sens du mot spectacle. Une façon originale de débuter les festivités pour ses quinze ans d’existence.

desperate_singers.jpgDesperate Singers s’est construit autour du thème de l’androgynie humaine et sonore (les hommes peuvent chanter comme des femmes et vice-versa). Plus généralement, c’est de l’ambiguïté dont il est question. Pour exprimer cela, le metteur en scène Olivier Pauls a travaillé sur l’idée que nous ne sommes jamais tels que l’apparence le suggèrerait. Dix pièces musicales de choix, humanisées et théâtralisées par Raoul Lay, directeur musical de l’Ensemble Télémaque, jalonnent le spectacle comme autant d’étapes que le voyageur-spectateur franchit. L’ambivalence entre le musicien et son instrument est d’abord à l’origine du projet. L’instrument ose ainsi prendre corps dans un des morceaux du programme, la Dernière Contrebasse à Las Végas d’Eugène Kurtz. Il ne restait plus qu’à donner vie au spectacle en y insufflant une réadaptation-hommage à Klaus Nomi, icône new-wave inclassable des années 80. Oscillant entre désespoir, folie et humour, l’univers du spectacle est bien à l’image de ce chanteur, transformiste de l’apparence vocale et vestimentaire, véritable ovni dans une époque emplie de ringardise sonore bien sucrée. Comme lui, personne n’est là où on l’attend dans Desperate Singers, entre musiciens costumés, homme-chanteuse et inversement, performances vocales passant du cri au chuchotement et de l’onomatopée au chant, ou samples électroniques se mêlant à l’acoustique classique. Une expérience émotionnelle naît de cette musique savante, ni raillée ni décriée cette fois-ci, mais mise en scène pour le plus grand bonheur de ceux qui apprécient le décloisonnement des genres et la dimension théâtrale que peut prendre la musique.

Guillaume Arias

Le 21 à la Minoterie (complet)
Jusqu’au 2 décembre, l’Ensemble Télémaque fête ses quinze ans d’existence à travers une série de concerts, spectacles, expos photo et installation multimédia. Rens. www.ensemble-telemaque.com