Dessine-moi la paix en Méditerranée à l’Hôtel de Région
Un sain dess(e)in
A l’invitation du Club de la Presse, Plantu et les dessinateurs de Cartooning for Peace croquent sous tous les angles le visage de la Paix : il a le profil de la liberté d’expression.
C’est une invitation au dialogue que cette exposition Dessine moi la Paix en Méditerranée car elle-même est une conversation entre esprits libres, dessinateurs venant de tous horizons, géographiques certes, politiques sans doute, mais aussi confessionnels et philosophiques. C’est Plantu lui-même qui nous raconte la genèse de cette aventure inspirante qu’est la Fondation Cartooning for Peace, prolongement naturel de l’engagement personnel de cet homme passionné au service de la clairvoyance et des consciences : « En 2006, Kofi Annan, alors Secrétaire Général de l’O.N.U., m’a demandé de faire une exposition en réponse à la vague de polémiques qui avait suivi la publication des caricatures danoises. Je me suis dit qu’avec tous ces “interdits”, on pourrait, par dessins interposés, inventer un dialogue entre des pays, des cultures, des opinions — et des opinions différentes surtout ! Finalement, Cartooning for Peace s’est imposé parce que des portes se sont ouvertes, parce qu’on est animé par un désir de respect des croyances, qu’on réunit des dessinateurs chrétiens, juifs, musulmans, agnostiques, bouddhistes… »
Les douze caricaturistes réunis initialement à New York pour une conférence-exposition intitulée Désapprendre l’intolérance se trouvent aujourd’hui, trois ans et dix expositions plus tard, et par un prompt renfort, pas moins de quarante-sept en arrivant au (Vieux) port… ou plus exactement à l’Hôtel de Région, pour proposer, en 135 dessins, des visions de la Paix et de la Méditerranée. Tous se sont ralliés à la bannière de l’association (une colombe à l’aile faite main et armée d’un crayon) pour « proposer à l’imaginaire du visiteur (leur) propre imaginaire, conjuguant (leurs) analyses et (leurs) inconscients, car l’opinion peut se nourrir de la pensée des autres. » Le désir de changer les choses et l’ordre établi, c’est la définition même du subversif, ce que Plantu reconnaît « espérer être », lui qui dit que « son crayon réconcilie en lui le guerrier et le pacifiste », sur une « ligne rouge, qu’(il) longe le plus souvent, qu’il franchit parfois, assumant et revendiquant alors le fait, le droit et le devoir de la franchir », tout en se refusant la « facilité de l’opposition systématique ». Et Plantu de conclure, en parfait homme du monde : « Je trouve que c’est une opportunité extraordinaire de faire un lieu de dialogue et vous découvrirez à quel point c’est un dialogue le jour où les 300 lycéens invités rencontreront les dessinateurs libanais (Stavro), israélien (Kichka), palestinien (Boukhari), algérien (Dilem) ou turc (Ramize Erer) et verrons à quel point ils sont différents et s’embrassent tous sur la bouche. »
En somme, crayon posé, et par leur seule présence, ces hommes continuent d’illustrer, non l’actualité mais ce poème de Paul Fort : « Si tous les gars du monde voulaient se donner la main… » Souhaitons leur de cartonner…
Frédéric Marty
Dessine-moi la paix en Méditerranée : jusqu’au 31/10 à l’Hôtel de Région (27 place Jules Guesde, 2e). Rens. 04 91 57 52 11 / www.cartooningforpeace-blog.org