Diane Arbus – Constellation & Carrie Mae Weems – The Shape of Things
Y a pas photo, les nouvelles expos qui ouvrent au Luma se réclament d’une ambition inédite. La première célèbre les cent ans de la fameuse photographe new-yorkaise Diane Arbus (pas centenaire pour autant, puisque disparue en 71), spécialisée dans la photo documentaire de rue, avec ses portraits en format carré (son 6×6 caractéristique) des personnes aux marges, qui avaient tendance à effrayer les « bien comme il faut ». Des enfants figés dans leurs meilleurs airs habités, loufoques, comme celui à la grenade-jouet, ou les marquantes jumelles qui ont inspiré Kubrick pour son Shining glaçant. En prisant les « excentriques » dans leur ordinaire, elle trouble les normes en vigueur du milieu du siècle dernier, et on fait désormais le cruel constat que notre monde targué de progressisme n’a pas tant évolué que ça ; puisqu’aux bords, on trouve les mêmes, encore. Dans la galerie principale de la tour aux miroirs, l’immersion sera dense, puisqu’on attend une installation de plus de quatre-cent-cinquante de ses œuvres.
Dans le grand atelier réhabilité du parc, on découvre le travail de l’artiste afro-américaine Carrie Mae Weems. Aussi connue pour sa pratique photographie mais quant à elle toujours contemporaine (et vivante), elle crée plutôt des concepts, avec des mises en scènes de performances, usant notamment de vieilles techniques d’illusions empruntées au spectacle (de magie par exemple), comme celle du « fantôme de Pepper »… Et son travail de prise et d’interprétation d’archives est aussi activiste que performatif, puisqu’elle expose des images d’autres fantômes, meurtris et effacés par le racisme, le sexisme, le classisme et l’assimilation ; et ce, de façon monumentale et composite.
MD