Dicon 219 : Running Gag
Parfois, j’ai le vertige. Prenez les anglophones. J’ai beaucoup dit ici combien ils excitaient chez moi une fâcheuse tendance à vouloir envahir Trafalgar Square ; largement assez en tout cas pour finir mes jours en Enfer ou à West Ham en compagnie d’un mec qui s’appellerait Luke Brown (comme tous les Anglais)… Ironie du sort, me voilà en train de taper une nouvelle notule sur le « running gag », expression anglaise parmi d’autres. Or, qu’est-ce que le « running gag », sinon une façon particulièrement simpliste de provoquer le rire en déclinant, sur des modes différents (ou pas), la même blague. L’enfantine répétition élevée au rang d’art par la magie du prétérit et des Monty Python. Jusqu’ici tout va bien. Sauf qu’il ne s’agit pas de ma première tribune anti-angliciste primaire et qu’en la matière je suis un multirécidiviste de la vanne à ressort british. Le doute m’habite. Et si je n’étais que le jouet d’une implacable machination mise en place par Henri Seard (ou ma mère) ? Et si après tout, comble de l’humiliation, le « running gag » c’était moi, déversant le même flot d’insanités sur les bords de la Tamise ? Que voulez-vous, à force de courir après cette boutade, elle a fini par me rattraper. C’est triste à dire, mais on est toujours le « running gag » d’un autre. CQFD.
Romain Carlioz