Clope :
Nom d’argot masculin ou féminin, désignant un objet de forme cylindrique (10cm de longueur et 8mm de diamètre). Communément connu sous le nom de cigarette. Contenant des feuilles de tabac hachées et traitées. Destiné à être enflammé au bout, et la fumée à en être inhalée. Premier sens : mégot (fin de cigarette).
Le ou la clop(e), un synonyme de cigarette ? Pas sûr. Où l’on évoque ce siècle déjà vieux, où nous sommes tous nés. Le ou la clope, c’est de l’argot de film noir, ou d’ouvrier empestant le charbon d’une fin de Révolution Industrielle poussiéreuse. C’est de l’argot savoureux qui s’approprie la rue et vient customiser le trottoir. Objet de collection de macadam, accessoire obligatoire des Tontons Flingueurs et autres. Bref : ça pue la graille, la canaille, le rade de quartier, la vamp en robe noire décolletée qui serre entre ses dents une tige tachée d’un rouge sanglant. Un mot court qui claque, qui fait revenir comme des fantômes dans un brouillard de fumée un Lino Ventura, un Jean Gabin, un Jean Genêt, un Gainsbarre à la voix éraillée. Les poètes, les vagabonds, les pauvres, et même les jeunes qui s’essaient à une frime gentille accoudés au zinc. Un mot court qui claque comme une onomatopée : la langue clape sur le palais, pour le « cl » les lèvres s’arrondissent et lâchent un « o » comme une petite bulle, puis un « p » sonore et bref. Comme un jappement. Comme un souvenir. Un mot court et familier. En passe de devenir subversif ? Qu’on se rassure, si les révolutions se faisaient avec des mots, ça se saurait.