Direktor – (Danemark – 1h40) de Lars Von Trier avec avec Jean-Marc Barr, Jens Albinus…
Bonne nouvelle ! Après son diptyque américain plutôt indigeste, Lars Von Trier se lance dans la comédie. Toutefois, connaissant le talent du génial manipulateur danois, il n’y a que peu de chance que celui-ci se laisse… (lire la suite)
Du Lars ou du cochon ?
Bonne nouvelle ! Après son diptyque américain plutôt indigeste, Lars Von Trier se lance dans la comédie. Toutefois, connaissant le talent du génial manipulateur danois, il n’y a que peu de chance que celui-ci se laisse porter par la légèreté apparente du récit qu’il met en scène. Remarque pleinement justifiée dès les premières images : on voit Lars Von Trier lui-même qui présente son film, « petite comédie anodine, sans danger, à la visée artistique et politique réduite ». Sa voix-off interviendra pendant tout le film, commentant les situations, prenant du recul vis-à-vis des personnages, annonçant parfois la progression de l’intrigue… Le propriétaire d’une société d’informatique a inventé un directeur fictif derrière qui s’abriter pour prendre les décisions impopulaires. Au moment de vendre son entreprise, les acheteurs insistent pour conclure le deal avec le « direktor » en personne. Le patron embauche alors un acteur au chômage pour jouer le rôle du directeur. Comédie donc, mais ici le comique est mis en scène d’une manière très élaborée. Drôle, parfois absurde, Direktor nous réconcilie avec son auteur qui fait une nouvelle fois preuve de beaucoup d’intelligence. Le recours récurent aux faux raccords, la complicité qui s’installe entre l’auteur et les spectateurs pourraient agacer par leur côté factice, mais cette mise en abîme de la matière cinématographique nous rappelle plutôt les riches heures de la Nouvelle Vague la plus libertaire. Direktor est donc une vraie réussite, et ce à double titre. Tout d’abord car c’est une comédie burlesque qui fonctionne, un film qui fait rire, avec son lot de dialogues percutants et de personnages colorés. Ensuite car c’est un film subtil qui nous propose plusieurs degrés de lecture (un auteur qui se met en scène, un acteur qui joue à l’acteur, qui joue lui-même au directeur…) sans que nous nous sentions jamais perdus. Toujours aussi cynique, Lars Von Trier est avant tout un auteur brillant.
nas/im