Disques obole
Le Disquaire Day, grand rendez-vous d’un jour autour du format vinyle et des disquaires indépendants, annonce une cinquième édition sans pour autant tourner en rond.
A chaque décennie ses enjeux autour du support musical. Ainsi, dès le milieu des années 80, à grands coups de marketing, les grandes firmes enterraient économiquement, comme un aller sans retour possible, le disque vinyle (ou microsillon) et la cassette audio en brandissant la haute fidélité du disque laser. Mais trente ans et une « crise » du support physique plus tard, le vinyle tourne pourtant encore, et avec lui une certaine idée de l’objet. Dans un rapport de l’ordre de l’affectif d’abord, et un rendu sonore particulier, typique du procédé mécanique du type de platine qui lui est dédiée… Si la revente de vinyles d’occasion ne s’est jamais vraiment arrêtée depuis son âge d’or dans les années 60, la production s’est quant à elle effondrée à partir du début des années 80. Il faut dire que la musique enregistrée est désormais partout. Et avec elle, son industrie, donc. En cela, le regain d’intérêt porté sur le vinyle ne signe pas qu’un simple attachement au support, mais rebat les cartes d’une certaine idée de la transmission musicale par le biais de petits commerces de proximité : les disquaires indépendants. Le CALIF (Club Action des Labels Indépendants Français), structure organisatrice du Disquaire Day, rappelait il y a quelques années déjà l’accablante réalité : « En moins de vingt ans, près de 90 % des magasins indépendants ont disparu, essentiellement au profit de rayons de disques dans les grandes surfaces alimentaires, et tout cela sans que la filière musicale dans son ensemble, ni les institutions, ne s’en émeuvent réellement. »
D’origine anglo-saxonne (le Record Store Day), et initié pour la première fois dans sa version française en 2011, le Disquaire Day donne un coup de pouce aux boutiques survivantes qui font toujours valser les cœurs des amateurs, vivre le commerce de proximité, et transmettent par là même une certaine idée de la prise en main locale. « Le Disquaire Day/Record Store Day est, à l’échelle planétaire, le plus grand événement consacré à la musique enregistrée et le seul à rassembler l’ensemble des acteurs de la filière musicale » assure la com’. A Marseille et dans la région, la journée oscillera donc entre vente de vinyles inédits (chez les disquaires indé’, donc), village des labels indépendants français, bourse aux disque d’occasion et concerts (jusque chez les disquaires). De Lollipop à l’Akwaba en passant par la Friche, de la surf psyché de Johnny Hawaii (qui fêtera la sortie de son nouvel album) au rock de chambre des Grandes Mothers, en passant par le krautrock de Futuroscope et la pop d’El Botcho… Au-delà même du vinyle, il s’agit de rendre compte des enjeux noués autour de la planète indé. Et lorsque l’on voit la mentalité dominante du marché, l’entreprise n’en sort que plus légitime.
Jordan Saïsset
Le Disquaire Day 2016 : le 16/04 à Marseille et dans la région.
Rens. www.disquaireday.fr / www.phonopaca.com
Le programme du Disquaire Day ici